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9 novembre 2022

Antigone, résister à l'emprise

fille d'oedipe

Venez nous rejoindre au club de la presse, pour écrire votre Antigone ! 1 place du Nombre d'Or, 15h-17h ou 17h30, vendredi 11 et samedi 12 novembre, durant la ZAT.

Les choix d’Antigone

Ce qui m’a interpelée dans ces histoires, c’est qu’Antigone, à plusieurs reprises, a le choix : elle pourrait faire semblant de se soumettre. Elle pourrait se dire que le temps lui donnera raison, qu’elle agira dans l’avenir. Mais elle persiste dans son « Non ». Parce qu’elle a des valeurs, avec lesquelles elle ne peut transiger. Elle est pourtant rarement une figure de la guerre. Si elle dit « non », c’est d’abord parce qu’elle dit « oui », profondément, à un autre discours que le discours dominant.

Mais parce qu’elle lutte contre l’emprise, elle ne peut rester hors de l’engagement.

Les filles n’ont point à rougir de leur sexe et comme les hommes, elles peuvent dire non

Ismène à Antigone : « Il va te punir, il nous a prévenues ! Jocaste, notre pauvre mère ne cessait déjà de te dire de te conformer enfin, de devenir une fille… » (Fille d’Œdipe) Sa sœur Ismène a donc refusé de braver l’ordre de Créon mais Antigone, de nuit, va sortir sous les murailles et accomplir les gestes symboliques qui permettront à l’âme de leur frère de trouver la paix.  

Selon les auteurs, elle va accomplir ce rituel une fois ou plusieurs fois. Elle est arrêtée par les gardes. S’ils hésitent à dénoncer une princesse, cela ne dure pas : « Nous sommes les gardes et devons faire notre travail de gardes ! », « Nous ne faisons que notre devoir ! »

On sait que la pièce d’Anouilh fut jouée pendant l’Occupation. Par le choix de costumes contemporains, les gardes portant notamment de longs imperméables et des feutres évoquant la Gestapo, ainsi que par certaines répliques, Anouilh posait la question de la désobéissance civile et de la résistance.

Dans Fille d’Œdipe, ces gardes viennent la chercher en pleine nuit. Lorsqu’ils la somment de se vêtir, Antigone réplique : « Toujours la nudité des femmes a inspiré la peur aux hommes, comme si leur chair était un monstre dont ils devaient se protéger. » Et à sa sœur : « Les filles n’ont point à rougir de leur sexe et comme les hommes, elles peuvent dire non. »

Résister à l’emprise, s’affirmer comme sujet

Antigone comparait devant son oncle.

Dans Fille d’Œdipe, Créon s’efforce d’amadouer sa nièce, et de la convertir à sa vision blasée des choses : « Viens, suis-moi. Qu’es-tu allée chercher là-bas cette nuit ? – La justice. – La justice ?! Mais enfin petite, il n’y a aucune justice, ni dans le caveau d’Etéocle, ni aux pieds des remparts de Thèbes ! – ‘Petite’ ?! Mais cessez donc ces insultes. (…) Mon enfant… – ‘Enfant’ ?! Pour vous je suis encore et toujours une petite fille ! C’est insupportable ! – As-tu fini ton caprice ? Sais-tu ce qui attend ceux qui enfreignent la loi de Thèbes ? La lapidation, Antigone !

Hémon intervient. « Père ! Libère-la. – Elle ne le veut pas. Elle recommencera. – La laisseras-tu si je la convaincs ? – Si elle promet de ne plus jamais désobéir aux lois humaines. Si elle se range et vit comme son sexe le doit. Sage et confortable pour nous tous. » 

Hémon à Antigone : « Je veux t’aider, Antigone ! Je te choierai. Je prendrai soin de toi. »

Antigone : « Toujours on a voulu me dicter mes actes. Toujours j’ai dû attendre les autorisations et le bon vouloir des hommes. Aujourd’hui, ma liberté je la prends. Devrais-je en mourir. »

Et plus tard : « Aucun homme ne peut me sauver. » S’adressant à tous : « Ce n’est point une innocente que vous sacrifiez sur l’autel de votre loi, mais une femme libre. »

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