Piste d'écriture: le cirque, ou regardeurs/regardés, ou perceptions enfantines/adultes

Cette piste d’écriture s’appuie sur une nouvelle de Gilles Marie, « L’écuyère », parue dans la revue Brèves n° 116 (thème : Jeunesse).

(…) Monsieur Lucien fut le premier à pénétrer sous le chapiteau. Comme les cirques lui paraissaient grands autrefois ! Comme celui-ci était petit ! Ou bien était-ce son regard qui avait changé ?

Monsieur Lucien se plaça juste en face de l’entrée des artistes. Ne perdre aucune miette du spectacle.

Lentement le chapiteau s’emplissait. Cris et rires d’enfants. Rideau qui bouge. La musique du cirque, gaie et mélancolique à la fois. Elle le submergeait comme une mer. Monsieur Lucien se revoyait au cirque, jadis, avec ses parents. Pour la première fois, Monsieur Lucien regretta de ne pas avoir d’enfants. A son tour, il aurait aimé sentir une petite main dans la sienne. Le spectacle allait enfin commencer. Le chapiteau était plein à craquer.

*

Pourquoi, diable, avait-il fallu tant d’années pour que Monsieur Lucien retrouve le chemin du cirque ? Les jongleurs… Les acrobates… Les magiciens… Le clown Pistache et son piano minuscule… (…) A chaque numéro, Monsieur Lucien se sentait défaillir de douceur. Joues en feu. Sous l’effet d’une voix très lointaine. Trop longtemps étouffée.

Monsieur Lucien applaudissait à tout rompre, comme les enfants autour de lui.

(…)

Enfin, dans son costume taillé un peu trop grand pour lui, le majordome annonça le numéro de l’écuyère…

*

Ses yeux brillaient dans la lumière des projecteurs. Dans la poussière remuée par la jument alezane.

Pistes d’écriture :

Cette partie de la nouvelle explore la différence entre les perceptions d’un adulte, et celles d’un enfant. « Monsieur Lucien », cette appellation un brin pompeuse, ne désigne-t-elle par un adulte obligé, un devenu adulte par obligation ? Celui-ci travaille dans un bureau, et vit seul, mais avant de prendre son billet pour le cirque il a entendu le rire cristallin de l’écuyère, et a eu « le pressentiment qu’il allait voir une fée ».

On sent en tout cas, chez lui, les retrouvailles avec un « moi » enfoui.

-        Poursuivre l’histoire, en utilisant les éléments donnés, ou en les modifiant un peu.

-        Imaginer une scène semblable, l’adulte et l’enfant semblant dialoguer, grâce à un lieu, ou un événement, qui se font écho à des âges différents. Le lien peut aussi être une activité, une musique… la madeleine de Proust.

-        Faire que le personnage se pose des questions, ressente sa vie différemment, prenne une décision peut-être, soit changé – ou tenté par le changement.