Nommer les personnages

Imaginez un personnage à partir de son nom. Qui sera Claire Deverre? Aimé Lucky? Pierre Constant?
Attention, un personnage peut se révolter contre les connotations contenues dans son nom, et aller contre. Claire Deverre peut décider de teindre ses cheveux blonds en noir, de se faire faire des tatouages de tête de mort et de devenir catcheuse.

Quel destin pour une adolescente prénommée Grace, mais qui est d'une grande maladresse, et, à ses yeux du moins, pas du tout ni jolie, ni gracieuse?
Aimé Lucky peut jouir d'une chance incroyable, jusqu'au jour où...
Et Pierre Constant, se doit-il d'être si fidèle?

Vous pouvez aussi explorer les noms évoquant un métier, ou une vocation. John Vitrier, ira-t-il vers la fabrication de vitres, vers le vitriol, ou deviendra-t-il l'un de ces laveurs de carreaux quasi acrobates qu'on peut voir sur les gratte-ciels?

Enfin, un nom peut connoter l'origine culturelle et sociale. Selon le contexte dans lequel un personnage grandit et vit, son patronyme peut être un gage d'intégration, ou une source de soucis...
Il y a aussi tout ce que nom et prénom charrient d'histoire familiale. On a longtemps  eu l'habitude de prénommer un enfant selon l'un des parents ou grand-parents. On peut explorer ce que cela signifie en termes de transmission, ou de lutte pour se forger une identité propre.

Un personnage peut choisir de changer de nom ou de prénom; quel sera celui qu'il adoptera, et pourquoi? On peut encore explorer le rapport aux surnoms...

Voici ce qu’écrit David Lodge à propos des noms des personnages :

« Dans un roman les noms ne sont jamais neutres. Ils signifient toujours quelque chose, ne serait-ce que leur banalité. Les écrivains comiques, satiriques ou didactiques, peuvent se permettre d’être exubérants et inventifs, ou ouvertement allégoriques en nommant leurs personnages. Les romanciers réalistes préfèrent des noms quelconques pourvu qu’ils possèdent les connotations appropriées. Nommer un personnage est toujours une étape importante de sa création et qui entraîne une foule de considérations et d’hésitations… »

Dans L’art de la fiction, paru en Rivages poche.