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27 novembre 2007

La mort du vieux garçon, par Michelle Jolly

Aout torride, dans l'immeuble déserté, le troisième étage s'éclaire pourtant en cette fin de journée d'une lumière timide, blafarde, là, où semble se situer la cuisine d'un petit appartement sombre.

 

Un vieil homme traine le pas dans l'espace réduit, où il cherche à se rafraichir; il s'appuie sur le rebord de la table, semble hésiter, tient un bras replié contre sa poitrine, voulant soutenir, contenir

 

plutôt une douleur qui se fait de plus en plus envahissante. Un verre , oublié sur l'évier, il le remplit d'eau, boit lentement, s'accroche au dossier d' une chaise, puis, éteint la lumière......

 

 

Plus faible ,on aperçoit le halo d'un abat-jour posé sur un bureau, l'homme s'est assis là, la main crispée sur son cœur, il semble vouloir saisir un téléphone, égaré sur des livres, mais renonce....

 

La main retombe, vaincue, il appuie sa tête contre le cuir de la table, il dort??.........non, il attend, que ce mauvais mal passe, il attend........

 

 

 

« Monsieur Foucher? je ne l'ai pas vu récemment, madame Martin, de toute façon, je ne le vois pas souvent, avare, distant, un pain par semaine, vous parlez d'un client!! jamais une gâterie, à peine bonjour! Il y a des raisons pour qu'il soit seul, une femme ne voudrait pas d'un ours pareil!!!

 

L'autre jour il m'a même bousculée! pas une excuse, c'est sauvage ces hommes là, je ne suis jamais allée chez lui, mais ça doit être dans un état!!!!

 

 

 

Le jour se lève à peine, là- haut, l'homme n'a pas quitté le lourd fauteuil de son bureau, il semble dormir; pourtant, un frémissement, est-ce ce peu de fraicheur matinal?? il tourne la tête, tente un geste vers le téléphone, mais abandonne ;s'appuyant de ses deux mains, il se lève, va vers la porte restée ouverte, « boire, il faut boire » dit il...

 

Il est devant l'évier, le verre à la main, comme dans un vieux film au ralenti, sans paroles, sans musique il fait le geste de porter le verre à ses lèvres, mais, soudain ,sa main lâche tout, on le voit tomber  doucement en arrière, heurtant d'abord la chaise, tout prés, puis sa tête, sur le carrelage, ses deux mains agrippées au col de sa chemise, la bouche grande ouverte, cherchant l'air................

 

 

 

La gardienne balaie devant l'immeuble, la boulangère vient d'ouvrir sa boutique: « qu'elle belle journée qui se prépare, Mme Martin!! encore du beau temps!!on ne peut pas se plaindre. Va y avoir des rentrées pour vous? C'est du travail en plus, c'est la vie, bonne journée! »

 

 

Madame Martin n'est pas montée jusqu'au troisième cette semaine: l'immeuble est vide! Quand les vacanciers rentreront elle reprendra ses habitudes...

 

Samedi, ceux du cinquième sont rentrés, puis ceux du rez-de-chaussée, enfin, le jeune couple du troisième, ils ont sonné chez Mr Foucher, pas de réponse...il avait dit pourtant: « rapportez-moi du sable de Bretagne, j'aimais tant y aller autrefois! »

 

La jeune femme est là, sa petite boite à la main, sonnant encore, encore.....

 

Quand les pompiers ont emporté le corps, elle répétait: « il était si gentil, timide, mais si gentil avec nous! »

 

 

 

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