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23 mai 2008

C'est ici... Michelle Jolly

C'est ici

 

 

Marion, jeudi 28 Aout première lettre à Julien:

 

«J'ai longtemps hésité avant de planter ma tente, c'était trop exposé, trop en pente, trop loin de l'eau, enfin, j'ai trouvé le bon endroit, me croiras-tu ? Presqu'à la même place qu'il y a quinze jours!!! Le hasard ? Je n'y crois pas, mes pas m'y ramenaient tout simplement !

Je me débrouille pas mal avec les piquets, tu serais fier de moi ! Arrives vite ! Tu me manques...»

 



Samedi 30, deuxième lettre:

 

«J'ai dû me tromper de date, ou tu as oublié ! Souviens toi, le 15 Aout dernier, tu m'as dit :

Je vais te montrer un lieu que tu n'oublieras pas, accroché au ciel, sauvage, c'est là que je vois vivre les personnages dont on s'occupe ensemble depuis deux semaines; tu m'intriguais...

Il est vrai que ce stage de fouilles dans une nécropole gauloise nous ramenait chaque jour en arrière et faisait travailler notre imagination!! Toi, connaisseur, tu m'expliquais, bonne élève, je buvais tes paroles...

 



Nuit du samedi 30

 

«Impossible de dormir, à chaque bruit de moteur, je sors de ma tente et guette.....tu as oublié !

Tu étais intarissable sur nos découvertes, ces quarante tombes en pleine terre, puis soudain cette sorte de nacelle de pierres bien construite, abritant ce squelette étonnant, cette énigme !!!

Pour le plaisir, tu m'as écrit une histoire, un instant de vie loin derrière nous , en me disant C'est comme ça que je les vois, c'est ici que je les sens ! »


« Je relis encore............. »

 


La montée était rude, vertigineuse parfois, comme une ile perchée à prés de 500mètres, le Causse se méritait ,et, dans la nuit des temps, les rares chemins qui y menaient, avaient su par leurs difficultés, préserver la magie de ce lieu suspendu.

..Ils avaient marché longtemps, ceux d'en bas, venus de très loin, d'au delà du fleuve, ceux  qui avaient combattu l'occupant, et cherchaient un lieu où se reposer; ceux enfin qui  vivaient dans la plaine, mais préféraient l'endroit pour leurs troupeaux, la proximité du ciel, bon augure pour se sentir protégés des dieux.

Ils étaient nombreux, et quand l'imposant vieillard qui menait la marche s'arrêta, planta en terre son bâton et décida de sa voix forte: « C'est ici! » ils furent soulagés, et, à l'écart allumèrent un grand feu.

 

...C'était un long dos nu, touchant presque le ciel de ses épaules; sur ses flancs, le roc affleurait, le soleil le caressait entièrement; en son centre, un œil noir : trou de roche, abri sous terre ? Le monde d'en bas veillait.....


Le vieillard avait tout vu, la beauté et la force du site, c'était bien là..

 

 

Alors, ils descendirent du char en bois l'enfant à la grosse tète; ils l'avaient mis doucement sur un lit de branchages, enveloppé dans sa tunique de laine, une fibule à tête d'oiseau fermant l'épaule, et ses petites mains tenant la bruyère et le buis.

 

Les hommes creusèrent un large trou, tapissèrent le fond de pierres et les parois de dalles apportées du sommet vers l'Ouest, là où sont les oiseaux veilleurs. Puis , ils déposèrent l'enfant le regard vers le levant :  «enfant- dieu » disaient certains, «le plus précieux de mes fils» pensait sa mère!!


...Elle s 'accroupit au bord du trou, et posa prés du visage quelques charbons ardents pris au feu rituel; entre les jambes ,elle cala deux galets ronds ramenés d'une rivière d'en bas: un à hauteur des genoux, l'autre vers les chevilles, puis, lentement, avec application, elle plaça sur lui, la première dalle de pierre.

Les hommes continuèrent ainsi, à le recouvrir pierre après pierre, posément, enfin ce fut la terre que l'on accumula, couche après couche.

 

«C'était bien ici » répéta la mère en suivant son époux qui s'éloignait vers les troupeaux; puis, tandis que des chants repris par tous, s'élevaient vers le ciel, ils suivirent le chemin, laissant sous le soleil ,le tumulus de terre, que bientôt l'herbe recouvrirait.

 


Marion, dimanche matin:

 

« Avec ton histoire, j'étais loin, très loin!!!! Je me suis endormie tard !

Ce matin, silence autour de moi, j'entends seulement le Causse respirer ! Je vais plier ma tente.

Je t'appellerai peut être, l'air est frais, je frissonne, l'idée d'un café me ramène à la vie!!!! »

 


 

Julien à Marion, dimanche matin:

 

«Encore un message envoyé, tu as surement oublié ton portable quelque part!!!!!! Ma voiture est trop vieille ! Je fais réparer, attends moi, on prolongera le week-end!! Un gaulois qui pense à toi!!

 


Michelle Jolly mars 2008

 

 

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