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21 juillet 2008

Petite fille en devenir...

     Petite fille en devenir. Petite fille sur la pointe des pieds. « Vais-je y arriver ? Vais-je grandir assez ? », se demande-t-elle.  L’avenir à ses pieds. Le fleuve se déroule infiniment : partir vers l’inconnu, son avenir. Froid de l’eau ; immensité glacée ; peur de son devenir.
     Petite fille tu es si jolie. Ce gracieux manteau cintré. Ces socquettes blanches charmantes. Ces bouts de jambes rondouillettes et tendres. Tes cheveux si vivants, même attachés virevoltent. Te voici accoudée comme une adulte à la balustrade. A quoi rêves-tu ? Ta silhouette, un soir d’hiver m’interpelle. Qu’espères-tu de l’avenir, cette aventure ? Une vie bruyante et gaie ? Une vie solitaire et sereine ? Les péniches déroulent lentement leurs mouvements ; l’eau frémit tout juste ; les lourdes coques se suivent majestueusement. Petite fille, suivras-tu aussi le mouvement ? Que penses-tu ? Auras-tu une vie terne et sans goût ? Ou sauras-tu arrêter parfois la péniche,  quitter quelquefois le cortège, pour t’écouter et aller à ton rythme ? Les ponts sont là pour les écueils. Trouveras-tu, toi aussi, du réconfort pour amortir les épreuves de la vie ? Tu regardes au loin, les immeubles, une église. Tu te diriges vers une vie sociale à construire. Petite fille, lorsque tu te détourneras de ta contemplation, tu retrouveras le temps des jeux, de l’innocence. Demain, après demain, t’enserreront encore le cocon de la famille, la douceur des bras de ta mère. Mais le futur, que te réserve-t-il ? La solitude, ou la chaleur d’un foyer ?
    
     En chacun de nous, elle est là, la petite fille. Ne suis-je qu’une petite fille avec un masque de femme de cinquante ans ? Je cache en moi la petite fille pleine d’espérance. Je ne suis que la petite fille qui a grandi, grandi.
    
     Accoudée à la balustrade, un soir d’hiver, j’ai dû regarder le fleuve et je ne me suis pas aperçue que, petit à petit, j’ai eu cinquante ans.
    
    
     Régine Vivien.  Novembre 2006.       

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