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7 mars 2009

Projet, Thérèse-Françoise Crassous


Le téléphone sonne
- Ne bouge pas, j’y vais !
Gisèle claque ses talons aiguilles sur le carrelage, excédée de voir Gaspard affalé comme d’habitude sur le canapé. Il ne changera jamais. Aussitôt arrivé, il se pose, se couche plutôt. Depuis des décennies combien de temps déjà sommes-nous ensemble ? Déjà 20 ans ! comme le temps passe !
-Allo ! Oui bien sûr ! entend-il Samedi déjà ? Ah bon !
« Ça y est elle a sa promotion pensa-t-il. Elle me l’avait bien dit . Elle va partir pour combien de temps ? Ouf ! Un peu de distance ne nous fera pas de mal. Et j’irai la voir à New York. Nous profiterons de Brodway, de  Central Park et du Carnegie Hall. Elle aime tellement aller au concert. On n’est plus sur la même longueur d’ondes. Je  vais pouvoir respirer.  Une séparation ne nous fera pas de mal. Je pourrais retrouver mes anciens copains, ma chère télé et mes matches de rugby. «
- Alors c’est ta promo ?
Elle prend rêveusement son paquet de cigarettes, cherche son briquet, va vers la table du salon. Sous des papiers une bosse attire son regard. Elle les soulève.
- Qu’est-ce que c’est que ça ? demande t-elle effrayée
- Oh ! Rien !
- Un pistolet ? Pour quoi faire ?
- C’est un copain qui me l’a confié. J’ai oublié  de le ranger dans un tiroir.
- Elle allume sa cigarette et fait des volutes, pensive. Il faut qu’il laisse tout traîner. Cela lui gâche son plaisir. Que va-t-il manigancer en son absence ?
- Tu ne me dis toujours pas qu’est-ce qu’il fait là, chez nous
- C’est trop long à t’expliquer. Qu’est-ce que ça peut te faire puisque tu t’en vas maintenant.
- « Elle va jouer les mondaines, les Françaises sont très  appréciées là-bas sur l’autre continent. Sa silhouette élégante va faire des ravages. Les hommes seront à ses pieds. Elle les emballera tous. Il est énervé par ce constat alarmant soudain et la désinvolture de sa compagne, pas attristée de le quitter du tout. Oh après tout…
- Bon débarras !  Il hoche la tête comme pour appuyer sa pensée.
- Au fait combien de temps y resteras-tu ?
- Je ne sais pas, probablement deux ou trois mois. Elle fait volte face et le regarde droit dans les yeux.
- Cela fera du bien à notre couple tu ne crois pas. On s’enlisait dans la routine et le train-train quotidien. Elle tire nerveusement une bouffée qu’elle laisse échapper par les narines.
- Cela nous permettra de faire le point. Tu as raison encore une fois.
« Pour moi c’est déjà tout vu, pense-elle Je ne peux plus supporter son inaction, son immobilisme. Dire qu’avec ce que l’on gagne à tous les deux on pourrait faire des voyages, dans le désert, sur des chameaux ou des dromadaires je n’ai jamais su faire la différence, s’aimer sur le sable brûlant, coucher sous la tente. Avec tout le confort. Enfin changer nos habitudes. Ah ! L’aventure ! Voilà ce qui me tente. Vibrer. Vivre quoi ! Rencontrer plein de gens ! Ce ne sera pas long ! C’est vrai je pars ! Elle rougit devant les plaisirs qui l’attendent. »
- On va fêter ça ! clame-t-il guilleret. Il se lève péniblement, racle ses savates défraîchies sur le sol de la cuisine et attrape des fluttes dans le buffet.
- Si on allait fêter ça au restaurant ? (Il suspend son geste, ravi.) Je n’ai pas envie de me fatiguer à cuisiner. Et puis pour une fois fais-toi beau ! Mets ton costume Cardin et ton noeud papillon !  Crie-t-elle de la salle de bain.
«  Quelle robe vais-je mettre ? La bleue, tout à fait en harmonie avec ce que je veux lui faire comprendre…

Je le quitte, je le quitte !… »

Elle vroit entendre ce refrain joyeux voleter dans la maison.

19 janvier 2009

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