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2 avril 2009

Marie Madeleine, par Salamandre 34 (Anne-Marie)

piste d'écriture: imaginer un personnage d'après son nom.

   

   En ouvrant les volets de sa chambre, elle frissonna ; le printemps était très long à arriver cette année Elle aérerait la pièce plus tard dans la matinée. Ayant fait une toilette de nuit minutieuse, elle se rinça juste le visage, descendit à la cuisine, but un bol de tisane de la veille. Le petit déjeuner serait pour plus tard. Le gros manteau était encore indispensable ce matin et le foulard pour enfermer ses cheveux gris.

   Elle s’engagea dans sa petite rue ; trois cents mètres à parcourir avant de rejoindre l’avenue principale, plus éclairée. De son enfance, de son éducation lui était restée l’habitude de marcher les yeux baissés ; à son âge, cela lui permettait d’éviter les pavés disjoints de la vieille ville.

   Aujourd’hui vendredi, c’était jour de marché, Elle achèterait du poisson ; toute sa vie, elle avait mangé du poisson le vendredi. Les premiers marchands installaient déjà leur banc, riaient, s’interpellaient, mettaient de la vie en cette fin de nuit. Tout le monde la connaissait mais, tout en restant aimable, elle n’était familière avec personne. Dans sa famille, il aurait de mauvais ton de frayer avec tout un chacun.

   La diversité des produits lui donnerait des idées pour le repas de dimanche, sa cousine venant déjeuner. Sa seule parente maintenant habitait à quelques kilomètres ; des voisins complaisants la déposaient de temps à autre en voiture. C’était une joie pour elle de l’accueillir ; toutes deux passeraient une bonne journée. Si le temps était beau, elles feraient une promenade, reviendraient peut être par le cimetière. Mais Félicie ne détestait pas terminer le repas par un petit verre. Si cela était, elles ne bougeraient guère. L’alcool les rendait à la fois gaies et mélancoliques ; les souvenirs de jeunesse remontaient. Ni l’une ni l’autre n’avaient eu de chance en amour. Félicie avait perdu son « promis » à la guerre et elle, quelle aventure, était tombée amoureuse d’un garçon magnifique, possédant toutes les qualités ; au moment où elle attendait qu’il fit sa demande, il lui avait annoncé qu’il préférait la prêtrise. Toutes deux avaient réagi avec dignité mais rayé de leur vie tout ce qui touchait à la gent masculine.

    Au bout de l’esplanade se dressait la cathédrale. Elle prit une petite porte sur le coté. Mises à part pour quelques raisons de santé, elle n’avait jamais failli à la première messe du matin. Enfant, puis pensionnaire, bénévole dans des pèlerinages, sa journée commençait par la prière, la communion, la religion.

   L’église n’était pas très éclairée ; seules, les flammes des cierges tremblotaient aux pieds des statues de la Vierge, de saints en remerciements, en intentions ou en prières implorantes. Quelques personnes parsemaient les rangs dans l’attente du prêtre. Comme tous les jours, il dirait une messe basse, sans cantique, animée simplement, après la lecture de l’Evangile, de quelques paroles apaisantes pour les brebis venues rechercher la bénédiction du saint homme. Messe basse, sans les ors de l’église, sans les rayons du soleil à travers les vitraux.

   Elle s’avança vers une travée de chaises et de prie-Dieu. Depuis des générations, c’était la rangée de la famille ; nul n’aurait songé à se mettre ailleurs dans l’église. La famille était dispersée aujourd’hui ; les prie-Dieu avaient fait l’affaire des antiquaires. Les trois restant encore avaient une plaque de cuivre au nom des anciens Elle venait de temps à autre les astiquer. De sa grand mère, elle avait hérité le prie dieu et le nom Marie Madeleine Chaplein.

Mars 2009

 

 

 

 

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