Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Ateliers d'écriture et d'accompagnement à Montpellier ou par Zoom
Newsletter
Publicité
Archives
29 avril 2010

L'anneau, par Carole Menahem-Lilin

L’anneau

 

Un jour, tu m’as parlé de l’anneau que tu souhaitais m’offrir. Dans cet anneau hypothétique, j’ai fait passer la corde de mon cœur. La corde était épaisse, mais je l’ai faite glisser, à force de tendresse. Et tes rêves, tes partages, tes mensonges, sont devenus à leur tour anneaux du collier. C’était tout un travail que de faire coulisser la corde de son cœur à l’intérieur de tes paroles, pas toujours ajustées. Mais c’est le travail de l’amour, me disais-je.

 

Un jour, tu m’as parlé de la maison que tu voulais nous bâtir. Elle serait toute de verre, pour que puisse y entrer la lumière. Elle serait transparente, pour que tu puisses toujours m’y voir. J’ai eu peur de cette maison de verre ; j’ai eu peur que tu ne m’y enfermes. Je l’ai laissé entendre ; tu n’as rien entendu.

J’ai eu peur que ton exigence de pureté, rencontrant ma prédilection pour les clairs-obscurs, ne provoque la combustion. Une combustion instantanée. Et c’est vrai qu’à mes paroles tu pris feu. Ma prétention à la rêverie te rendit jaloux. « Comment peux-tu rêver à un autre que moi ? », me dis-tu.

Mais mon cher, tu as beau tresser de tes paroles, ardeurs et mensonges la corde de mon cœur, tu ne peux prétendre égaler à toi seul la diversité du monde, en couvrir à toi seul l’étendue, en ternir la beauté.

 

Aujourd’hui que tu es loin, c’est cette beauté, cette diversité, cette étendue que tu ne m’as pas ravies, qui retiennent ensemble les brins de la corde déchiquetée de mon cœur. C’est tout cela qui me garde femme. Un peu sorcière aussi.

La maison n’a jamais été bâtie, l’anneau est resté une idée, mais l’amour que nous avons vécu n’est pas une illusion, puisqu’il a fait pousser mes arbres, m’a irriguée, a changé mes prophéties.

Quand je regarde dans la boule de cristal de mon chagrin, je te vois, naviguant dans l’infini des possibles. Poisson diable, tu sépares les courants. Tu es rouge comme la corde de mon cœur, et d’or comme l’anneau de passion qui nous relie encore.

 

Etions-nous trop immatures pour cet amour-là ? L’immaturité est-elle une excuse ?

 

Un jour, me dis-je, si je t’évoque suffisamment fort dans ma boule de cristal, tu réapparaîtras devant moi.

Un jour, me dis-je. Un jour, peut-être, je m’y essaierai.

 

avril 2010, texte inspiré par les cartes Dixit

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité