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15 juin 2010

La vallée des Roses (Shoshan8)

La vallée des roses.

 

« Comme il fallait qu'il passât par la Samarie, il arriva dans une ville nommée Sychar, près du champ que Jacob avait donné à Joseph, son fils. Là se trouvait le puits de Jacob. »

(Jean, IV, 3 -4)

 Nous avons tous rêvé qu'un jour les hommes et les femmes de la Bible revivent sous nos yeux. Ce rêve est devenu réalité. La Samaritaine existe, je l'ai rencontrée. Hélas, c'était sur un champ de bataille où deux peuples frères s'affrontaient, gaspillant l'eau vive qui jaillit du puits de Jacob au lieu de s'en abreuver.

 Si je commençais par un incipit de ce genre, mon rédac' chef pousserait des hurlements. Il dirait que c'est de la prose de curé....  Résultat : mon futur article ne passerait pas dans le journal. Alors, autant me conformer à ce qu'on attend de moi : des lieux communs. Le trajet de retour se prête à la collation des infos en tous genre recueillies durant ce voyage, il faut que j'en extraie à présent la « substantifique moelle ». En compulsant mon dossier, je ressens toute l'inanité du travail effectué. Comme c'était à prévoir dès avant le départ, cette mission n'a rien apporté qui me satisfasse. Les choses se passent en général mieux qu'on ne le craint et moins bien qu'on ne l'espère.

 Du coup, je n'éprouve nul besoin de relire mes notes, je n'ai pas le coeur à ça.

 Pour tuer le temps, j'ai fourré deux bouquins dans mon bagage de cabine. Le premier est un ouvrage de Marek Halter. C'est le livre que je choisirais s'il me fallait le cas échéant (mais le cas n'échoit pas) n'en amener qu'un sur une île déserte. Cet auteur parle superbement des femmes de l'Ancien Testament, ou plutôt il leur donne la parole, ce que la Bible se garde de faire.

 Marek Halter explique aussi que le terme hébreu qui désigne « la vérité » devient « la mort » quand on ôte la première syllabe. Intéressant. Je me rappelle mon sujet de Bac' philo : la certitude d'avoir raison suffit-elle pour être dans le vrai ? Non, répondis-je, car tel qui croit détenir l'exclusive vérité vit dans l'erreur. Le rapprochement des mots nous ouvre sur l'au-delà.

 Mon autre lecture, nettement plus indigeste celle-là, est une thèse de doctorat. Jacob vient de m'en offrir un exemplaire dédicacé. Son travail de recherche porte – je cite – sur « l'Agroforesterie adaptée au climat méditerranéen subdésertique ». Une somme, en somme, pour faire un somme !

Explication de texte : cette pratique consiste  à intercaler une culture annuelle entre des plantations d'arbres à espacement large. Si j'ai bien compris (ma science est de fraîche date), ces deux modes d'occupation du sol sont complémentaires et non concurrents. Chacun des deux profite à l'autre. Leur combinaison permet d'utiliser au mieux l'eau dans le sol et de valoriser les nutriments disponibles. En extrapolant le propos de l'auteur, on ferait de notre planète une sphère de co-prospérité si l'on appliquait ce principe à l'espèce humaine. Deux peuples présents sur une même terre pourraient vivre ensemble en paix et dans l'équité. Jacob Rosenthal en fournit une illustration « à l'eau de rose ». En cultivant sous une plantation d'oliviers, entre les rangs, une rose carnée : Shoshan, le Rosier des champs, en irriguant ces milliers fleurs de à partir de la nappe souterraine, puis en les distillant dans des fours d'argile, on obtiendrait une essence précieuse englobant tous les parfumes de la Méditerranée.

 Au coeur du désert fleurirait ainsi la « Vallée des roses ». C'est beau, cela.

ROSEDESCHAMPS

 Décidément, Jacob est plus doué pour la Culture (à tous les sens du mot) que pour la  « chose militaire ». Lui-même en est bien conscient. Il envisage, après ce qui s'est passé, de quitter le pays.

Lorsque je lui demande ce qu'il compte faire « après », je n'obtiens qu'une réponse vague. Revenir en France, pourquoi pas ? Une chose est certaine pour lui : ce ne sera pas seul.

 Étape émouvante s'il en est, que celle où l'on oublie le « je » pour conjuguer sa vie à la première personne du pluriel ! Je le sais pour en être moi-même passée par là.

 Par discrétion, je ne questionne plus le jeune homme et me contente de sa demi-confidence.

 Impossible pourtant de ne pas faire un lien avec « le procès » de la Samaritaine.

 Celui-ci devrait avoir lieu dans les prochaines semaines. Peu m'importe. J'ai déjà donné, je n'ai nulle intention de « rempiler ».

 La machinerie judiciaire ne m'intéresse pas. Ma place est vacante : libre à Sébastien Marronnier de la prendre, s'il en veut, pour couvrir l'évènement.

 Yasmina Kacine, que j'ai revue avant de partir, ne nourrit aucune inquiétude quant à l'issue de cette instance judiciaire accompagnée d'un battage politico-médiatique. Selon l'avocate, l'affaire se conclura par un non-lieu. Si ce n'est le cas, la Palestinienne sera certainement acquittée.

 Dans tous les cas, Aïcha sera bien assistée, au moins elle ne se sentira pas seule.

 Gageons aussi que le témoignage du petit soldat ne sera pas accablant pour elle.

 Aïcha, Jacob. Jacob, Aïcha.

 Au travers de ce couple qui n'a pas encore conscience d'en être un, c'est un peu ma propre histoire que je revis. Ces deux-là, venus d'horizons si différents sont faits pour se rapprocher, j'en suis sûre. Ils n'ont pas compris, qu'ils ne peuvent plus se passer l'un de l'autre. Le jour est proche où ce sentiment dont j'ai vu l'éclosion, s'imposera à eux comme une évidence. Leur amour sera ce qu'ils en feront, la vie leur appartient.

(À suivre...)

 

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