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15 juin 2010

Chants alternés (Shoshan 7)

Chants alternés.

« Alternis dicetis, amant alterna Camenae »

« Les muses aiment les chants alternés »

Virgile, égl III, v. 59.

Rose :

 Trois heures de vol et des formalités à n'en plus finir. Tout ça pour me retrouver à Tel Aviv dans une chambre d'hôtel **** incolore, inodore et sans saveur. Avec des frais qu'il me faut dans un premier temps avancer... à charge de remboursement ultérieur par mon Journal, si le « boss » ne trouve pas que j'ai trop joué les poules de luxe. La peste soit de ce genre de missions, où l'on attend tout de moi, que je n'ai pas demandées et qui ne mènent à rien !

 Pour l'instant, tout ce que j'attends de cette première étape du séjour est un sommeil réparateur. La priorité pour moi consiste à me remettre des fatigues d'un si long voyage. Demain, je dois me rendre en voiture de location à Haïfa. Comment cela s'écrit-il en hébreu ? Surtout ne pas oublier que dans ce fichu pays, les mots se lisent de droite à gauche. Heureusement, qu'on a pris la précaution de les sous-titrer en caractères latins. Et puis, ce qui ne gâte rien, la plupart des gens parlent ou comprennent l'anglais.

 Tiens, je trouve avec la clé de ma chambre un mot de la réception : « Someone would to tell you ». Ça va, je crois que j'arrive encore à comprendre, "quelqu'un cherche à me parler", le texte de ce message laconique est à ma portée. Retour au niveau zéro. Là, je m'étonne : le « quelqu'un » censé m'attendre (semble-t-il, depuis pas mal de temps) est une « quelqu'une ». C'est une toute jeune fille en voile noir, sa mise ici semble incongrue. Elle en a conscience, d'où son comportement gêné. La fille n'est pas seule. Une autre femme plus âgée, en tenue européenne, l'accompagne ou plutôt (me semble-t-il) la chaperonne.

 Ces manières mystérieuses aiguisent ma curiosité. Qu'ont donc ces deux personnes de si important à me dire ? La conscience professionnelle prime mon besoin de repos : puisque j'ai accepté cette mission, je dois la mener à bien contre vents et marées. Le repos, ce sera pour plus tard. À l'hôtel, il y a un « espace de conversation » près de l'entrée, mais lorsque je propose de nous y installer, l'aînée des deux femmes esquisse un geste dissuasif, que j'interprète ainsi : « Taisons-nous, méfions-nous, le Mossad est partout. »

 Au bord de la piscine, nous devrions être plus tranquilles et pourrons joindre l'utile à l'agréable. Le soleil brille, l'eau bleue frissonne. Le vent produit un batillage, il couvrira nos babillages. Aucun endroit n'est sûr par définition, mais il est permis d'espérer qu'il n'y aura pas là de micros cachés.

 Au bar, je commande à l'intention des Musulmanes une bouteille d'eau minérale, en m'autorisant, au risque de les choquer, un « jus de fruit marcheur » (entendez un Johny Walker).

 O.K., ce n'est pas bon pour la santé, mais cela remonte le moral.

 La gamine fait une drôle de tête. Elle rougit de se retrouver voilée au milieu de baigneuses en bi-, voire monokini. La réciproque est tout aussi vraie. Faut-il chercher dans la diversité des tenues vestimentaires le fameux « choc des civilisations » ?

Trêve de moqueries déplacées !

 La femme plus âgée me tend sa carte : « Yasmina Kacine, avocate au barreau de Palestine ». Maintenant, cela me revient, c'est elle qui est a été commise pour défendre Aïcha, la jeune kamikaze, à l'occasion de son futur procès. Une instance appelée à faire du bruit.

 Il y a tout de même une question que je me pose : qui donc a prévenu Yasmina de ma présence en Israël ? La réponse vient immédiatement : ce peut être que Zubbeida Messaoudi, mon amie déléguée de l'O.P.L.P.  Bien sûr que c'est elle ! Une fois au courant de mon projet de voyage, elle a tout de suite passé la consigne à ses compatriotes par mail. Les nouvelles circulent vite au sein de cette communauté palestinienne où tout le monde se connaît. Ce qui ne signifie pas pour autant que les gens s'entendent !

 En ce qui me concerne je m'en tiens à cet adage : « Les ami(e)s de mes ami(e) sont mes ami(e)s ». Ce qui se vérifie généralement.

 L'avocate me présente l'adolescente plutôt timide qui se tient à ses côtés : c'est  la soeur cadette d'Aïcha. Son nom est Zahra, ce qui veut dire : « la fleur » en arabe. Joli mot ! La jeune fille ne parle ni l'hébreu, ni l'anglais, elle observe une prudente réserve.

 Je m'étonne qu'elle ait pu franchir aussi facilement la « ligne frontière ». Faut-il y voir une preuve de bienveillance de la part des autorités israéliennes ? Ou bien un manque étonnant de vigilance de la police au « check point » ? Apparemment, ni l'un, ni l'autre ! Dans ce pays, rien n'est laissé au hasard, tout est soigneusement pesé, délibéré. Si Zahra a été autorisée à rendre visite à sa soeur hospitalisée, c'est qu'elle détient des renseignements de première main sur « l'affaire ». On la considère comme moins dangereuse en deçà de la ligne verte qu'au-delà. En général, quand une information parvient à filtrer ici, c'est que, quelque part, elle arrange quelqu'un. Le témoignage de Zahra sera requis lors du procès à venir, à condition qu'il corrobore la version israélienne des faits. Il pourrait en ce cas s'avérer capital.

 Par contre, si les déclarations de la petite ne sont pas conformes à la vérité « officielle », on s'arrangera pour la faire taire.

 De quoi peut-il bien s'agir ? Le public l'apprendra sans doute en temps utile. Pour l'instant, je brûle d'en savoir plus. Patience ! Nous sommes en Orient. Mes interlocutrices me rappellent qu'en ce pays, chaque chose vient en son temps. Eh bien, soit, attendons !

 Je reviens aux choses sérieuses, je veux dire à « l'incident » du Wadi Fa'rah. « Attentat » serait un grand mot, "accrochage " un euphémisme, puisqu'il y a eu deux morts et deux blessés.

 Yasmina Kacine réprouve par principe les attentats-suicide, elle considère à juste titre qu'ils « ne mènent à rien ». Dans le cas d'espèce, elle voit une sorte d'expédition punitive, hâtivement décidée, maladroitement conduite. Du boulot d'amateur. Cela peut se comprendre à la suite (elle insiste sur ce point) d'une provocation manifeste des soldats de la patrouille. De cela, le rapport officiel ne fait nulle mention. Grave lacune ! L'avocate dénonce les fouilles humiliantes, surtout pour les femmes, que subissent ses compatriotes au sein même des « territoires occupés ». Aïcha a été violentée, elle en est certaine. À meilleure preuve un enregistrement sur lecteur MP3, qu'elle me tend. Il s'agit d'une « confession », bien que ce terme n'ait pas de sens en terre d'Islam. On est loin en tous cas, très loin des codes de l'habituelle « profession de foi » des futurs kamikazes, de l'exercice obligé auquel ils se livrent avant de passer à l'acte. Étonnez-vous que le Hamas ait choisi d'occulter cet enregistrement ! Zahra l'a récupéré, allez savoir comment, au nez et à la barbe de ses frères.

Yasmina en a réalisé plusieurs copies, elle m'invite à écouter sur mon portable la version qu'elle me destine. C'est un grand moment, d'une extraordinaire intensité. Par rapport au déroulement de mon enquête, je considère que je tiens là un document capital. La sincérité du ton de la narratrice m'émeut. Elle augure bien de la véracité de son récit.

 Et voilà. Tout est dit. Notre entrevue est terminée. Je remercie mes informatrices avec effusion. Les Palestiniennes sont des femmes formidables. Avant de prendre congé, Zahra tient à ajouter quelques mots personnels. C'est un message qui s'adresse à sa soeur aînée, Aïcha, que je dois rencontrer incessamment, sous peu. Yasmina me traduit son contenu sans broncher. Il s'agit de nouvelles familiales. Au village, la mort de Rachid (le frère aîné) a causé moult perturbations. Ali, le cadet, qui devait normalement lui succéder en tant que chef de famille, est traqué par la police. Impossible de compter sur lui, ce présumé fauteur de trouble est sur le point d'être arrêté et emprisonné. Leur mère est désemparée, en perte de repères (on la comprend, la pauvre !)

 L'aveu qui va suivre est plus embarrassant. Mustapha, l'ex-fiancé d'Aïcha, vient de proposer à Zahra de convoler en justes noces. Dans ces circonstances tragiques, c'est une belle opportunité ! La cadette demande à sa soeur aînée – avec tout le respect qui lui est dû -  l'autorisation d'accepter cette demande en mariage. Ni plus ni moins

 Je ris sous cape. En langage amoureux, c'est tout justement ce qu'on appelle « un transfert ». Le  prétendant déçu ne manque ni de réactivité, ni d'à-propos. En Palestine, comme ailleurs, les galants savent, comme les chats, retomber sur leurs pieds.

 Reste à savoir ce qu'en pensera la principale intéressée.

Jacob :

 Cette journaliste pourrait être ma mère, elle est assez jeune pour être en même temps mon amie. Aussi me confié-je à elle comme si nous nous connaissions depuis toujours. Entre nous, le tutoiement est venu de lui-même, je ne m'attendais pas à une telle écoute, ni autant de compréhension de sa part.

 Ajoutez à cela que c'est une compatriote et que j'ai grand besoin de temps à autre de m'entretenir avec quelqu'un dans ma langue. Nous avons un sujet de conversation tout trouvé, puisque Rose Péreille a rencontré ma grand mère, artiste peintre, à Clapas sur Lez..

 Le seul défaut de Rose – si c'en est un – réside dans le déferlement de son intuition. Alors que nous nous connaissons tout juste, à peine ai-je ouvert la bouche qu'on a l'impression qu'elle connaît par coeur mon histoire. Pour moi, Rose fonctionne en romancière plutôt qu'en journaliste. Ce qu'elle sait ou  croit savoir s'insère dans un scénario cohérent –  à ses yeux. Mais quand des éléments manquent à son puzzle, elle restitue par l'imagination ce qu'elle ignore. Sa façon de reconstruire le passé préjuge de faits non avérés. Parfois, cela tombe juste. Dans d'autres cas, rien ne concorde.

 Pour ma part, j'aurais plutôt tendance à réagir en scientifique. La France est le pays de Descartes. Appliquant son célèbre précepte, « je ne tiens jamais rien pour vrai, que je ne l'aie par moi-même éprouvé et reconnu comme tel ».

 Rose n'attend certes pas de moi le récit détaillé de la fusillade. Je serais bien en peine de le lui fournir, du fait que je n'ai rien constaté « de visu » : j'étais alors sans connaissance. Mais en recoupant les informations, et en réfléchissant un peu, je crois pouvoir me faire une représentation plausible de ce qui s'est passé. La preuve : je sors mon bloc, esquisse au crayon un rapide état des lieux.

Voici le coude du Wadi Fa'rah, voici la position de la patrouille et celle des tireurs embusqués. La rive qu'ils occupent est très escarpée, son accès est difficile. Les deux frères d'Aïcha étaient certainement postés là bien avant l'arrivée de leur soeur à la rivière, il se peut même que ce soit à son insu. Voyant que la bombe n'explosait pas, la logique eût voulu qu'ils couvrent sa retraite.

Or, les deux fedayin ne se sont pas livrés à ce qu'on nomme en langage militaire « un tir de couverture ». Ils ont pris la patrouille pour cible, en clair ils nous ont carrément cartonnés. Notre pauvre Tsippora, sans expérience militaire et sans méfiance, a été aussitôt abattue. Paix à son âme ! Elle se trouvait à cet endroit précis, je porte la position de son cadavre en rouge sur mon croquis.

Aïcha, la Palestinienne, se tenait debout au milieu du lit du ruisseau, lequel est quasiment à sec à cette saison. « Prise entre deux feux » selon l'expression de mes camarades. Avant de m'évanouir, je l'ai plaquée au sol, on eût dit qu'elle faisait exprès d'attirer les balles sur elle. À ce sujet, j'ai interrogé notre expert en balistique. Ce spécialiste a analysé les impacts. Il dément l'hypothèse de « balles perdues ». Son rapport est formel : les balles qui ont atteint Aïcha sont bien celles de ses frères.

 De là à conclure que ceux-ci l'ont délibérément visée, il n'y a qu'un pas à franchir.

 Pauvre Samaritaine ! Je souhaite pour elle que cette version d'un tir fratricide, qui lui ferait un mal atroce, relève de la fiction. Je pense hélas, que c'est la réalité. Rose, imaginative pourtant, ne veut pas encore y croire. La journaliste est bien au fait de ce qu'on appelle en Orient « des crimes d'honneur ». Ce sont d'horribles « faits divers » que la Presse relate. La justice ne punit jamais ce genre de forfaits, parce que nul n'enquête sur ces crimes. Qui est coupable ? Est-ce la fille déflorée, ou bien la femme adultère ? Ou frère bien intentionné qui les arrose d'essence et les brûle vives pour que l'honneur de la famille reste sauf ? En l'occurrence, rien ne justifiait un tel geste. Je vois mal en quoi la Palestinienne, qui n'a fait que servir la Cause et s'est pliée à la volonté de ses frères, a pu mériter leur vindicte.

La réponse à cette interrogation se trouve dans le récit de l'incident qui s'est produit la veille, avec la patrouille au bord du Wadi Fa'rah. J'étais de la  partie.

 Rose me demandede lui raconter en détail ma première rencontre avec la "Samaritaine". Je lui explique que cette jeune fille est venue à moi, qu'elle m'a proposé de l'eau de la rivière. Je n'ai pas saisi sur le moment l'importance de son message. Le sens était : « Frère, je ne te veux aucun mal, je n'éprouve nulle haine pour toi. Partage avec moi cette eau vive rafraîchissante. »

 C'était peu dire qu'énoncer cela. Mais c'est immense.

 « Au commencement était le Verbe... ». Ainsi commence l'Évangile de Jean. La Samaritaine de la parabole est placée sur une ligne de partage, celle qui se trouve entre l'homme et Dieu. Une terre peut être partagée, un être humain peut être déchiré, Dieu ne se laisse pas couper en deux.   

 « Logos » au sens johannique est la parole divine, elle porte l'amour en partage. "Logein", c'est parler. La paix est à ce prix. Parler avec un ami, quoi de plus facile ? Adresser la parole à son ennemi, celui qui vous veut du mal, là est la difficulté. En ce sens, le geste de la Samaritaine est lourd de signification. Ce geste m'a touché comme un geste d'amour. Pourtant, cette jeune fille, nous l'avons traitée sans égards ni respect, nous l'avons repoussée et considérée telle une bête, non comme un être humain.

 Comment s'étonner qu'Aïcha soit revenue au même endroit le lendemain, porteuse non plus d'un message de paix, mais d'une bombe. Elle a voulu clamer sa colère, elle criait vengeance. Sa bombe est un cri. Nos Prophètes, les « Nabis » de l'ancien Testament, sont au sens propre  « ceux qui crient ». Ce cri, l'avons-nous entendu  ?

Aïcha :

 La porte s'est ouverte, quelqu'un est entré. Ma vie a chaviré.

 Dans la pénombre, j'ai vu ce jeune homme, qui m'a parlé.

 J'ai reconnu sa voix, mais j'ai fait comme si je ne l'entendais pas.

 Je suis restée silencieuse.

 Alors sa main s'est posée sur mon front, elle a découvert mon visage.

 Certaines femmes de chez nous voilent leur visage. C'est la coutume, elles croient obéir à Dieu.    

 Dieu ne dit pas qu'il faut cacher son visage. Du fait qu'il nous modelés à sa ressemblance, c'est bien qu'il a voulu que chacun porte en soi une part de son Créateur.

 Et puis, le jeune homme est reparti. Il m'a laissé des fleurs sur la table, et quelques mots écrits de sa main, un message auquel je n'ai rien compris.

 Ma chambre est demeurée vide, c'est comme si ce garçon n'était pas venu, c'est comme s'il n'existait plus. Hors d'une présence amie, rien n'existe plus pour moi.

Rose :

 Lorsque enfin j'ai été autorisée à rendre visite à la Palestinienne, j'ai été frappée par sa physionomie douce et paisible. Rien dans décor de cette chambre d'hôpital et les objets qui l'entourent ne se prête à la confidence. Et pourtant à peine avons nous eu le temps d'échanger quelques mots qu'une mystérieuse empathie a joué. On m'avait tant parlé de cette fille ! Elle-même a si bien su me deviner ! Il existe un lien subtil entre nous : Aïcha, c'est moi quand j'étais plus jeune. Je retrouve en elle mes désirs enfouis, mes rêves oubliés. Fataliste, elle se croit broyée par le trop fameux « Meqtoub ». Je cherche à lui faire comprendre que le Destin n'existe pas, que rien n'est écrit, qu'on peut toujours y changer quelque chose et qu'il n'est jamais trop tard pour faire quelque chose de sa vie.

 La patiente va mieux. En ma présence, son amnésie – réelle ou feinte – a cessé. Aïcha s'exprime assez bien en anglais, y mêle quelques mots d'arabe lorsqu'elle n'en connaît pas l'équivalent dans cetet langue.

 Nous parlons de la difficulté d'être en Palestine occupée, de ses études interrompues, de sa famille meurtrie, de son ex-fiancé pas vraiment fidèle, c'est le moins qu'on puisse dire ! Concernant ce dernier, la jeune fille se montre peu loquace ! De mon côté, je dois ménager la sensibilité de la malade. J'évoque à mots couverts mon entretien d'hier avec sa petite soeur. Vaine précaution ! Il n'était nul besoin d'atténuer la crudité du message de Zahra. Sa soeur est au courant tout. De toute évidence, la « trahison » de Mustapha n'est pas pour la surprendre. D'ailleurs, elle n'en paraît pas autrement affectée.

 La règle est ici que les visites soient brèves. Avant que j'aie quitté sa chambre, Aïcha me désigne la carte postale posée en évidence sur la table de nuit. Me demande de lui traduire la phrase écrite au verso, dans une langue inconnue. Ce que je fais, ajoutant qu'il s'agit d'un vers fameux d'Aragon.

 « Ah ? » fait-elle.  Elle voudrait dire quelque chose.... Mais non, cela ne vient pas.

 Je me retire sur la pointe des pieds.

(À suivre)
 

 

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