#Bucéphale*, par Olivier Hirt (Amazonie)

Sous les apparences
Rugit la persistance
Roulez jeunesse !

Ce camion, Bucéphale, c'est l’image même de Gurupá. Peu importe la marque, peu importe l’état, peu importe l’absence de carte grise ou de permis de conduire, peu importe les obstacles. Bucéphale est coloré, Bucéphale roule encore et roulera tant que vivra quelqu’un pour le garder en état de fonctionner. Chaque matin, il transporte les hommes dans la forêt. Sa prédilection ? Ouvrir les chemins. C’est de cette façon qu’il a brisé son pare-brise. Le gros diesel vrombissant, il s’est élancé dans la forêt pour ouvrir un chemin encore inexistant, abattre les arbres en travers, écraser les plus gros obstacles. Derrière, les hommes finissent le travail à la machette. La journée terminée, Bucéphale rentre chargé de bois d’un côté et des hommes de l'autre. C’est l’image même de Gurupá : "on fait avec ce qu’il y a".

Un jour sont arrivés des pavés, alors certaines rues s’en sont revêtues. Un autre, le magasin a reçu des vélos rouges et les habitants roulent tous en vélo rouge.

Le gros camion qu’on pourrait prendre pour une épave n’a pas fini d'ouvrir des chemins et Gurupá n’a pas fini de ne ressembler à rien.

*Le seigneur des porcheries, Tristan Egolf

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