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9 avril 2011

Sale affaire ! par Louis Portejoie

 

Sale affaire .

 

                       Pierre s’engouffra dans la voiture : sale affaire ! et ça tombait sur lui !  il en avait vu des macchabées   des crimes   des règlements de compte, des tarés de toutes sortes ! mais ça …bon . Arriver sur les lieux, baliser un périmètre de confidentialité, écarter les curieux , laisser bosser les mecs des labos : la routine quoi !

 

                         Le gamin pissait le sang, pour lui c’était fini . Pierre souleva la couverture, réprima un haut le cœur : Salement amoché ! un visage d’enfant, des mains d’enfant armées d’une barre de fer sanguinolente, à ses pieds une béquille . Ca peut faire très mal une béquille ! ça peut même tuer ! On a chopé l’assassin ? oui, la voilà !

 

                           On la pousse sans ménagement . Elle a 15 , 16 ans peut être . Peut être moins . Surement moins ! Elle le fixe de ses yeux ronds, innocents , angéliques . Pierre interroge d’un regard : Oui , c’est elle , acquiesce l’agent de police . Pierre a froid, on est au mois de juin mais il a froid . Elle répond aux questions, sa voix est douce, mélodieuse , ses mains sont fines , trop fines . Son visage ne ment pas, elle est calme, oui elle a frappé ! Plusieurs fois, oui elle a tué ! La semaine dernière c’est sa copine Sarah qu’avait morflé ! Aujourd’hui c’est Renaud . Un partout !  C’est normal ! C’est la guerre ! et c’est pas fini . Ça fait même que commencer ! Elle a faim et réclame un sandwich et un coca . Pierre fait signe . Sabine mange goulument sans rien dire. Il se dirige vers une dame qui a vu la scène :

 

                             Ils étaient une vingtaine monsieur l’agent ! avec des barres de fer, des béquilles , des couteaux . Ils ont lancé des insultes, puis se sont battus, c’est la petite là, qui a commencé ; elle était comme folle, elle a frappé de toutes ses forces avec sa béquille, elle criait monsieur l’agent ! Elle hurlait ! S’acharnait ! une furie, c’est elle monsieur l’agent, je l’ai vue ! J’en suis sûre !

 

             «  C’est toi qui  a frappé Renaud , Sabine ? interroge Pierre encore une fois

                  - oui » : elle le regarde fixement

 

                               Pierre  détourne le regard, sort une  cigarette ,  puis la range dans le paquet . Il va poser des questions a la con  , il le sait ! Il va demander pourquoi elle a fait ça ! avec quoi,  et tout le  tremblement , comme d’hab , oui mais là c’est pas comme d’hab ! Putain ça caille ! Pierre se lève, marche , il faut qu’il marche ! « Emmenez là » .

 

                                Trois heures du matin, pierre marche encore , s’emmitoufle dans son blouson , le visage de Paul  son pote de toujours lui revient , l’est mort le Paul , un projectile lancé du énième étage de la Cité des Couronnes pendant une descente de la BAC .  Fait froid,  ça doit être chaud la Seine, ça va l’envelopper comme quand il était dans le ventre de sa mère ! Pourquoi on reste pas petit ? Pourquoi on grandit ? ça sert a quoi ? Pierre gueule  à pleins poumons .

 

                                   La voiture des flics s’arrête , sirènes hurlantes , « il est là » ! les hommes dévalent l’escalier , l’entourent , le couvrent d’une couverture .

«  Ça sert a rien Pierre ! Y a eu Michel le mois dernier, Pierrot après ,  toi aussi tu vas t’y mettre ? allez, on est la ! Pierre, déconne pas . »

 

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