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27 avril 2012

Comme si..., me dit ma voisine, par Chantal Joanny

Une proposition d'écriture, née de la lecture d'une nouvelle d'Annie Saumont, "Equateur", parue dans le recueil "Un soir à la maison": et si on commençait notre texte avec un "Comme si"? Et si, en plus, on jouait avec les rythmes, comme sait si bien le faire Annie Saumont? Voici un texte poétique de Chantal.

"Comme si..." me dit ma voisine

Comme si j'étais me dit ma voisine. Peut-être aussi comme si j'étais sa sœur perdue dans ses premières années et qui respirait en moi, ou plutôt que ma sœur qui n'a jamais existé se reflèterait dans ses cheveux dorés, son regard bleu, son sourire tendre. Comme si je l'appelais Ophélie à cause de sa peau transparente de porcelaine fine découvrant des réseaux marbrés de dentelles gorgées de sang. Je la connais si peu ma voisine elle rayonne de joie d'espoir et d'humanité, frêle fleur et pourtant si accomplie, pleine de sa vie de ses souvenirs de ses amours…

 Intemporelle comme si elle pouvait s'infiltrer dans toute l'histoire…

  Je la vois dame de cœur dans un château de la Loire, amazone parcourant les forêts, crinière au vent, faisant fi des ombres, des manants, des loups aux aguets, pour rejoindre son amoureux renié par ses pairs dans une grotte sombre gardée par deux enfants.

 D'un bond elle a rejoint la planète mars aux commandes d'un vaisseau spatial, entourée de scientifiques elle analyse des prélèvements de croûte martienne, sa lucidité son intransigeance tranchent sur ses ennemis fourbes et jaloux qui ne peuvent l'atteindre.

 Comme si elle volait, dans un film asiatique, justicière pour défendre au sabre son père bien aimé bafoué par le nouveau maître de la cité.

 Comme si son pouvoir de sorcière l'amenait à régner, bien que de condition modeste, enfantée par les fées et pourtant bien réelle. Seul l'amour lui fait couler des larmes d'or qui nourrissent la terre, qu'elle parfume de ses pas légers.

 Fine translucide comme du cristal elle est, et comme du cristal imprenable, sa voix en écho dans les gorges profondes arrête tous les animaux.

 Reine comme si sous sa large robe un lion elle abritait.

Les paons font la révérence sur son passage, seuls les ignares ne peuvent la voir, les aveugles de la beauté qui la dessine.

 Comme si du haut de la falaise elle regardait la mer sondait les flots agités et imprévisibles dans une  pose calme, pleine de sérénité.

 Son visage s'ouvre comme un grand livre d'images, elle efface les heures seule une ligne s'effile vers l'horizon et révèle son vide.

De l'illustre Quéribus elle a les clés, le chemin escarpé bat aux pulsations de son cœur pur et irrévérencieux pour ceux qui la jugent, elle revit elle rejaillit dans ces collines ce vent ces vallées ce silence ces cris de suppliciés.

 Comme si elle parcourait les siècles dans ce même corps, cette allure fière et délicate.

 Comment ces yeux peuvent-ils être aussi limpides ? Ce visage sans rides, cette nature ondoyante et colorée, cette liberté si souple et si gracieuse.

 Comme si mon regard la recréait  lui insufflant une nouvelle destinée.

 Elle s'échappe Ophélie ombre fantôme présence retour aurore or.

 Or comme si ma voisine était tout ceci mais ne le savait pas, or comme si je devais le lui faire pressentir or je ne dois pas mourir avant de lui avoir dit or ma présence à ses côtés doit le lui révéler,

Comme si ma voisine m'avait dit: « comme si j'étais » me dit ma voisine.

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Commentaires
C
Quelle plaisir, le temps d'une lecture, d'être "comme si j'étais" sous ta plume alerte ! Un beau travail d'artiste !<br /> <br /> Merci!
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