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3 mai 2012

Adam Palaïs chap 11 et 12, par Iva Caruso

Chapitre 11 :

Rencontre

 

Une soif insoutenable me réveilla dès  l’aube – comme chaque matin depuis mon arrivée sur cette île, il y avait toujours quelque chose pour me tirer de mon sommeil – je me dirigeais alors vers le puits. Je ne pouvais point parler car ma gorge était asséchée. Arrivé à l’emplacement du puits, je vis un enfant, penché mystérieusement au dessus de celui-ci. Je n’en croyais pas mes yeux, que je frottai énergiquement. J’en étais bouche bée : cela faisait si longtemps que je n’avais pas été en présence d’une autre personne, excepté Thomas. Cet enfant était très petit, peu musclé, j’eus peur que si le vent venait à souffler, il s’envole comme une feuille morte. Il avait une sorte de culotte faite en peau de bête, et sur sa jolie tête trônait un bandeau fait avec des écailles de poisson et d’alligator. Mais revenons à l’indigène ;  de peur qu’il tombe dans notre puits, je criai à cet enfant de ne pas se pencher, mais il fut pris d’une grande frayeur et s’enfuit à toute vitesse. Il courait aussi vite qu’un lévrier et moi,  qui sortais à peine de mon  sommeil, je n’eus point le temps de le rattraper.  Je parlai de cette étrange histoire à Thomas, qui, tout occupé à graver minutieusement sur une pierre un calendrier, ne se concentra pas sur mes propos. A la fin de mon récit, il me sortit vaguement un :

« Mais c’est quoi ton problème ? Avec des gens sur l’île, tu arrêteras de parler tout seul et ils t’aideront peut-être à trouver cette mystérieuse plante dont tu me parles tous les jours ».

Il partit ensuite dans un délire et ajouta :

«  Tu sais que cela fait maintenant un mois que nous sommes ici ? Nous devrions fêter cela ! »

Sans l’écouter plus, je partis discrètement chercher de quoi manger, sans me soucier de Thomas et de ses envies festives. 

Le lendemain, je me précipitai vers le puits pour voir si l’enfant était encore là. A ma grande déception, il ne l’était pas mais il avait oublié son bandeau lors de sa fuite. Tous les matins, je me levais, plein d’espoir, pour aller à sa rencontre. Il n’était jamais là. Mais un bon matin, je le revis enfin. Il était préoccupé, son visage montrait clairement son anxiété, comme si il était poursuivi par une créature monstrueuse. En effet derrière lui je vis un alligator gigantesque qui le poursuivait, le garçon trébucha et l’alligator le mordit férocement sur sa fine cheville. Je me précipitai vers le garçonnet, je pris la plus grosse pierre que je pus et j’assommai à plusieurs reprises l’alligator, mais il était   tenace et se défendait en me donnant des coups de patte. Mais enfin il lâcha prise et tomba à la renverse.

Mais il fallait de toute urgence que je amène le petit blessé au camp pour le soigner, Thomas m’aida à le transporter.  

 

Chapitre 12 :

Thoadam

 

Chapitre 12 :

Thoadam

 

La venue de l’enfant parmi nous fut un soulagement pour moi car je commençais à avoir la nostalgie de ceux que j’avais quitté, comme Maïri et sa manie du rangement, ou comme le petit prince souffrant, qui aimait entendre mes histoires et posait toujours des questions quand il commençait à y avoir du suspense… Même ma grand-mère et cousine me manquaient un peu. C’est que je m’ennuyais à ne plus voir d’autres gens que Thomas, et à ne plus voir la civilisation. Et en plus j’étais éloigné des tonnes de livres que je devais lire.

Même la conversation de Thomas qui m’amusait tant avant faisait disparaître mon sourire, et le beau paysage que j’aimais contempler me déroutait et me laissait indifférent. Je me disais que la plante que j’avais cherchée en vain n’était pas ici, et que cela ne servait à rien de rester sur cette île de malheur.

Quatre jours après que j’aie soigné sa blessure grâce à ma connaissance des plantes anti-infectueuses et cicatrisantes, l’enfant put recommencer à marcher, ce qui me redonna un peu le sourire. J’étais heureux de voir une autre personne de Thomas, et que cette personne que nous ne connaissions pas très bien nous fasse si spontanément confiance. Le garçonnet se faisait comprendre grâce à un langage de signes. Thomas et moi nous amusions à l’observer car dès que nous lui montrions un objet par exemple une longue vue, il l’examinait, l’essayait et tentait de chasser quelque chose avec, peut-être des esprits car il faisait de grands moulinets dans l’air.

Au fur et à mesure qu’il nous entendait parler, à notre grande surprise il se mit à nous imiter. Un jour, il nous dit une phrase de sage :

« Celui qui aime à apprendre est bien près du savoir, comme disait Confucius. »

Thomas me regarda :

« Adammmmm ! qu’est-ce que tu lui as appris ?

- Moi ? je n’ai rien fait… sauf lui parler à ma manière habituelle. Mais Confucius lui vient sûrement de toi. »

L’enfant nous regardait en riant. Après que nous ayons lié encore plus amitié avec lui, il fallut penser à le ramener chez lui. Désormais je ne pensais plus à me lamenter et à m’ennuyer, mais j’étais triste qu’il reparte, car il m’avait redonné le gout de vivre.

Un bon matin, nous partîmes tous les trois dans la forêt pour explorer encore mieux cette île car nous pensions de plus en plus que personne ne viendrait nous chercher. Et plus je me liais d’amitié avec l’enfant, plus je pensais à celui du roi, et qu’il fallait le sauver. Mais comment lui envoyer la plante… si toutefois je la trouvais ? J’avais sans doute pensé tout haut, car l’enfant me prit la main et courut à toute vitesse à travers la forêt, m’entrainant moi et Thomas derrière lui. Des plantes nous griffaient le visage, nous marchions sur des échardes qui nous écorchaient les pieds, jusqu’à ce que l’enfant s’arrêtât devant une série de monticules d’où s’échappaient des geysers fumants, et justement je me mis à penser à la Macalyna, j’espère que vous vous en rappelez ? Cette plante qui m’avait fait partir de mon pays et qui était la cause de toutes mes aventures… En effet, il y avait un champ de magnifiques fleurs. Elles avaient toutes une fine tige, des pétales ouverts en soleil, et toutes étaient bleues, certaines d’un bleu turquoise exceptionnel, les autres d’un bleu sombre.

D’une voix claire et presque sans accent, l’enfant demanda :

« C’est la macaya que tu cherches ? 

-      Oui… » balbutiai-je, surpris.

Je lui demandai s’il la connaissait, et laquelle de toutes prendre ? Il me fit comprendre, moitié en paroles, moitié par gestes, que les bleues sombres sont les plus vénéneuses, et que son père était mort à cause de ces maudites. Mais que les bleues turquoises étaient le paradis, elles avaient sauvé presque tout le village de différentes maladies.

Muni enfin de cette panacée, je regrettai plus que jamais de ne pas être aux côtés du petit prince car il ne lui restait, d’après le calendrier de Thomas, que sept mois avant que la maladie ne s’aggravât. Cela faillit me faire replonger dans ma dépression, mais je tins bon. Je trouverais un moyen de retourner auprès de lui, même si les secours n’arrivaient pas. Comment ? Je n’eus pas le temps d’y penser car l’enfant me parlait.

Comme il me dit que c’était son village qui cultivait ces pantes, j’en conclus qu’il ne devait pas se trouver très loin. Il fonça à toute allure vers des toits que nous suspections de loin. Lorsque nous arrivâmes, j’entendis qu’on nous accueillait dans une langue étrange qui ressemblait à la nôtre. Et surtout la mère de l’enfant cria son nom, qu’il n’avait pas voulu nous dire, Thoadam !

Thomas et moi nous regardâmes surpris par le

fait que ce prénom était un mélange entre Thomas et Adam. Il était écrit que nous devions nous rencontrer.

Cette réflexion me fit penser que je devais écrire une lettre, que je mettrais dans une bouteille et que je lancerais à la mer, pour que les secours nous viennent en aide.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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