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26 septembre 2012

Une journée de jeune mère, par Héloïse

Piste d'écriture: un éloge du quotidien, ou "chaque jour est une aventure"...


Une journée de jeune mère.

Le réveil interrompt un rêve de sieste sur la plage. Lever précautionneux, le bébé dort dans le lit depuis la dernière tétée de 5h. Ne pas le réveiller, son père s’occupera de lui tout à l’heure. Toilette express, déjeuner conséquent, faut remplir la boutique à lait, prendre justement le temps de tirer un biberon de lait de plus pour la crèche et bien vérifier la petite glacière à emporter pour le boulot.

Au radar on dit. La chance d’avoir cet homme qui s’est levé avec elle, a fait griller le pain, a récupéré les blocs de glace au congélateur  du sous-sol. Elle apprivoise le petit matin. Elle part en confiance.

Elle emporte cette chaleur sur la route.

50 kms jusqu’à la ville, dans la nuit de l’hiver jusqu’au bout. La musique la sauve. Afrique. Elle avance.

Un espace personnel. Des alternances, la vigilance extrême dans la première partie, les tournants, le verglas possible, puis la quatre voies où elle capte les infos du jour.

Elle arrive, pas du tout lost in translation, non, très bien, mais mesurant la densité de son temps par rapport à celui de ses collègues. Des conversations qui peuvent trainer, des pauses cigarettes ou café. Elle a accepté ce poste de bibliothécaire pour six mois, il n’a pas fallu quinze jours pour que tout le monde comprenne qu’elle bossait bien, qu’elle traçait dans leur univers endormi des perspectives inhabituelles. Prudente, elle s’isole à midi,  mange son pique-nique, tire son biberon pour la crèche du lendemain. Elle récupère. Les seins gonflés en fin de matinée, c’était pénible.

L’après-midi c’est plus difficile. Elle lutte parfois contre le sommeil. A l’heure de fermeture elle est la première partie. Elle prend la route avec un immense soulagement. Elle rentre. Aimantée. Elle va voir son fils.

Le moment où elle s’installe dans le fauteuil et pose l’enfant sur son sein elle le vit comme un bonheur absolu.  La fatigue l’écroulera plus tard. Cet instant s’inscrit comme le début de sa deuxième journée. 

Place à l’amour, place aux amis, place à la poésie…

L’enfant dort dans le berceau sur sa peau de mouton. On parle de la prochaine soirée avec les musiciens qui  accompagneront la performance prévue. On raconte le week-end à Toulouse. Les amis partent, 22h, derniers préparatifs, dernière tétée. Il faut dormir un peu avant la prochaine dans la nuit.

Les journées se suivent sur le même modèle sauf le mercredi et le week-end. Elle se souviendra de quoi plus tard ? Des aubes en mars quand les falaises s’éclairaient au fur et à mesure des tournants avalés ? Des soirées de mai quand au retour elle emmenait le bébé le long de la rivière ? Des pannes de biberon, des seins gonflés, ou des retrouvailles sous la couette avec son homme une fois le bébé repu ?

Tout se fondra sans doute dans un brouillard heureux, un temps étale, où aucun jour ne ressemblait vraiment au précédent, et pourtant tous vécus dans ce sentiment étrange de dépendance mutuelle absolue, corporellement mesurable. Avoir une partie de soi hors de soi. Etre mère. S’y habituer.

 septembre 2012

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Commentaires
G
Comme j'ai aimé ce texte et...comme il me rappelle mes années de jeune mère (et surtout mes journées entre maison, travail...) Heureusement que mon mari m'aidait ! C'était une vie bien remplie, mais très enrichissante...
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R
Quel bel hommage d'une mère pour sa fille ! Quelle tendresse et quelle proximité entre vous.Quelle proximité aussi pour le lecteur/la lectrice. On est avec cette jeune mère tout au long de sa longue journée.<br /> <br /> Amicalement,<br /> <br /> Roselyne
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