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29 avril 2013

Le hasard bégaye! par Héloïse

Piste d'écriture: à la manière de J.P. Enthoven dans "L'hypothèse des sentiments", utiliser l'adresse au lecteur, les listes, les notes en bas de page...

 

Le hasard bégaye !

 

bracelet

Le hasard semble atteint de bégaiement ces temps-ci. La semaine dernière à l’atelier d’écriture, j’entends une collègue évoquer un épisode marquant de sa jeunesse. A la maternité où elle partageait la chambre d’une jeune mère algérienne, une infirmière lui avait mis dans les bras le bébé de sa voisine. Celle-ci avait immédiatement compris l’erreur, et culpabilisé pour longtemps ma collègue qui serait aussi bien repartie avec ce petit bout de chou, plus charmant que celui de la veille.

Deux jours après Libération consacre exceptionnellement sa dernière page de portrait à deux femmes[1]. Une mère et sa fille. Je découvre l’histoire de ma collègue, avec un dénouement différent, puisque les deux jeunes femmes ne se rendent pas compte de l’erreur,[2] mais que dans chaque famille les cheveux blonds d’un côté, la chevelure crépue de l’autre avaient soulevé bien des questions, amené à une séparation, je ne détaillerai pas plus, ce qui m’intéresse ici étant le surgissement de deux histoires similaires dans mon univers quotidien.[3]

Ce mercredi, à l’atelier d’écriture, l’animatrice propose un extrait de L’hypothèse des sentiments, un roman de Jean Paul Enthoven, qui démarre au quart de tour sur un incident mineur : un échange de bagages dans un hôtel à Rome. L’auteur renvoie immédiatement à leur mauvaise foi les lecteurs mauvais coucheurs qui refuseraient l’hypothèse d’une telle succession de hasards, deux valises rouges similaires dans cet hôtel chic, à délivrer au même instant à deux clients sur le départ par un bagagiste étourdi. Je me range résolument de son côté. Vous verrez pourquoi.

Voilà donc dans cet atelier d’écriture une deuxième histoire d’échange à huit jours d’intervalle. Rien à voir avec les maternités, les drames de filiation, certes. Sauf que le bégaiement du hasard ne se lit pas du tout dans les objets échangés mais dans le fait que l’auteur raconte ce qui m’est arrivé en Italie  en novembre. Vous n’y croyez pas ? Et pourtant à cette minime variation près qu’il s’agissait d’un sac à dos et non d’une valise, d’une serveuse au lieu d’un bagagiste, nous[4] avons bien vécu une situation similaire en plus grave : aucun autre sac à dos en échange pour donner un indice sur les raisons de sa disparition. Je passe sur les péripéties, sur l’étape poste de police, pour en venir à cette explication simplissime :  la serveuse avait déposé le sac à dos dans la poussette d’une famille française à la table voisin. Cette famille partie avant nous ne s’était rendu compte que bien après de la présence d’un sac à dos supplémentaire[5]…. et avait déployé beaucoup d’ingéniosité pour nous le rendre.

J’attends avec impatience la lecture des textes du jour.

Les coïncidences se dévoileront-elles immédiatement ? Faudra-t-il attendre la semaine prochaine ? Pourra-t-on encore parler de hasard, bégayant ou non, si la vie réelle se mêle de ressembler de trop près à nos fictions[6] ? 

                                                          Atelier d'écriture, 17 avril 2013

____________________________________________________________________________________

 

[1] Si vous ne lisez pas Libération, je vous explique en deux mots : depuis des années ce journal consacre sa dernière page à un portrait pleine page, avec article dense et photo unique, d’une personnalité célèbre ou d’un inconnu dont la vie mérite le détour. Certains portraits ont marqué les annales.

[2] Je vous éviterai la référence galvaudée au film de Chatiliez, la vie est un long fleuve tranquille tout en vous renvoyant à vos classiques. Œdipe ni plus ni moins.

[3] Si vous voulez quand même le fond de ma pensée c’est aussi une histoire rassurante en ces temps de crispation sur la filiation génétique. La mère reconnait sa fille non biologique comme sa fille depuis toujours, l’amour qu’elle lui porte a triomphé de tous les obstacles…

[4] Aucun intérêt à préciser ce nous, à vous d’envisager qui pouvait m’accompagner, une amie, un compagnon, un collègue, un neveu…   

[5] Vous ne manquerez pas d’imaginer le rôle clé des téléphones portables dans cette histoire.

[6] Je ne crois pas au hasard, c’est nous qui voyons les coïncidences et leur donnons du sens. Philosophie de bazar? Mon personnage serait un philosophe hagard ayant perdu ses bagages peut-être ?   

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