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28 octobre 2012

Un cabinet spécifique, par Danièle Géroda

Piste d'écriture: suivre certaines expressions "au pied de la lettre"

Un cabinet spécifique

 

3300377920_959d4b2ab3Monsieur le toubib de la providence venait de s’installer dans la petite ville de Patraque. Le boulot ne lui manquerait certainement pas ici, avait- il pensé. Sa notoriété allait, bientôt, faire de lui l’incontournable défenseur de l’insolite.

Pendant ses courtes études de médecine, il avait tellement voulu déjà lutter contre cette idée d’un conformisme du corps humain rendant obligatoire une standardisation ennuyeuse. Il lui importait, au contraire, de trouver, selon ses humeurs inventives, le moyen de remplacer un membre défaillant par, ma foi, un autre à qui il ferait jouer presque le même rôle.

Ce jour là, la salle d’attente était comble. Le premier patient qui se présenta fulminait d’impatience. L’heure du rendez-vous, trop tardive pour lui, le mettait dans un état second. Chercher midi à quatorze heures le stressait à mort. Il se sentait défaillir, à raz les pâquerettes. C’était déjà son deuxième rendez-vous et le toubib travaillait dur à l’installation d’un estomac dans les talons. Car ce malade invétéré n’arrivait plus à digérer tous les soucis de sa vie actuelle et

espérait pouvoir, assez vite maintenant, marcher, enfin, sur son estomac devenu intensément élastique et vide.

Près de lui, était assis un homme d’un âge certain et au grand cœur, toujours prêt à rendre service. Il devait sa bonne humeur au   travail immensément généreux du toubib. Sa vie avait changé. Depuis qu’il avait le cœur sur la main, ses amis s’étaient multipliés et il se sentait vraiment heureux de traverser les aléas de son existence avec tant d’attention pour la détresse de son prochain.

 Debout, près de la porte, se tenait le maire de la ville. Le dos au mur, il était désespéré de ne pouvoir prendre les décisions qui s’imposaient dans sa bourgade. Seul, le toubib passait du temps à l’écouter et ne lui avait jamais tourné le dos. Le maire appréciait, d’ailleurs, qu’il lui passe régulièrement la main dans le dos et l’aide, ainsi, à évoluer avec plus de détermination.

Chaque patient se louait des bons services de ce toubib particulier, travaillant à la demande. Par exemple, à cet homme là, il avait réussi à  apprendre à fermer, à tout moment du repas, ses yeux, lui évitant ainsi, de les avoir plus grands que le ventre. Avec celui- ci, il s’agissait, pour le toubib, d’opérer plus technique en multipliant les courbettes et les révérences pour que s’organisent au mieux les ronds de jambes. Avec celui-là, qui ne savait jamais sur quel pied danser, il fallut à ce brillant docteur effacer tous les moments d’hésitation possibles pour faciliter les retombées sur les bons pieds. Que d’ouvrage !

 

 

Après s’être fait la main sur toute sa clientèle de Patraque, Toubib s’échappa dans la nature. Renseignez -vous ! Il va, peut-être, opérer dans votre région.

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