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17 mai 2013

Que diable!!! par Jacqueline Chauvet-Poggi

 Piste d'écriture: écrire un conte, en s'inspirant de deux illustrations de contes, ‘’Ti Pocama’’ et ‘’Ce qu’elle aimait le plus au monde’’

 

 QUE  DIABLE !!!

(Pour des enfants assis en rond autour du conteur attendant d’être effrayés et rassurés)

 

Ceci est un conte. Donc il y a un fils de roi. Je vois, vous l’imaginez comme un jeune homme grand et mince, genre mannequin de chez Hugo Boss, ou encore charpenté et large d’épaules  comme chez Jean Paul Gauthier.

Vous avez tout faux. Ce fils de roi est un adolescent gringalet, froussard comme pas possible, toujours la couronne vissée sur la tête pour montrer qu’il a le droit de donner des ordres.

A qui donne-t-il des ordres ? Je vais vous dire, quand on devine qu’il va commencer, l’assistance autour de lui se disperse brusquement, chacun ayant subitement une chose urgente à aller voir plus loin.

Le seul qui ne le laisse pas tomber c’est Momo, le fils du jardinier. Ils sont nés le même jour et ont partagé le lait de la maman de Momo. A part ces points communs, tout le reste en eux est différent.

Le fils du roi, j’ai oublié de dire qu’il s’appelle Éric, a toujours mal quelque part. Il fait trop froid et il ne veut pas sortir. Il fait trop chaud et il refuse de marcher. Il se goinfre de fruits pas mûrs et se tord de mal au ventre, vous voyez le genre. Momo sait, lui, choisir les chemins à l’ombre, profiter des jeux de l’hiver et cueillir les fruits mûrs à point. Il se moque bien un peu de son jumeau Éric mais dans le fond il le plaint et sent qu’il doit le protéger au moins jusqu’à ce qu’il devienne adulte.

Quand Éric veut faire l’intéressant, il dit qu’il est menacé par la plus monstrueuse des créatures, le Diable en personne. Là il est sûr de son coup, personne n’a jamais vu le Diable, sauf lui, et on doit le croire puisqu’il est le fils du roi.

Aujourd’hui c’est le bouquet. Éric est malade, enfin c’est ce qu’il dit. Il a mal au ventre et ça ne saurait être une vulgaire colique. Il ne peut pas marcher, personne n’ose dire que c’est de la paresse. Non, ce sont des maladies de fils de roi. Vite vite il faut le transporter à la frontière du pays voisin où de savants docteurs, dit-on, ont des remèdes pour tous les maux.

Le voilà installé sur une charrette, couché douillettement dans une couette, la tête sur un oreiller et toujours la couronne sur le front. La charrette est conduite par un jeune garçon qui n’en mène pas large. On l’a obligé à monter là alors qu’il passait par hasard sans penser à rien. Je crois qu’il a aussi peur que le fils du roi.

Il faut dire que c’est la nuit. On est en pleine forêt, il fait sombre. Les arbres semblent rejoindre leurs sommets pour former une voûte étouffante. Tout autour, des bruits de vent dans les branches, de bêtes qui fouinent, d’insectes qui grouillent dans les feuilles mortes.

Et surtout, surtout, des formes sombres, noires, dressées de chaque côté du chemin, entourant la charrette de plus en plus prés, hautes silhouettes aux oreilles pointues, et des yeux ! Des yeux qui brillent dans la nuit, qui regardent le fils du roi qui claque des dents, qui tremble au milieu de ricanements lugubres.

Momo !! Momo !! Appelle  Éric de toutes ses forces. Il ne lui en reste pas beaucoup, de forces. Il croit crier mais on l’entend à peine. Heureusement que Momo a un sixième sens en ce qui concerne Eric, il perçoit le moindre appel. Alors en un rien de temps il est là. Avec sa marinière rayée et ses pieds chaussés de tongs, il est arrivé en une seconde. Il s’est dépêché car il a bon cœur, mais il pensait avoir affaire à un accès de trouille pas plus justifié que d’habitude.

Eh bien, non ! Vous aurez du mal à le croire mais cette fois il s’agit bien du Diable en personne. Momo le voit de ses yeux. Il est là avec sa queue fourchue, ses cornes au dessus de ses oreilles pointues, et il danse sous les arbres, il se trémousse pout impressionner son monde. 

Momo trouve qu’il n’a pas l’air d’un mauvais diable, une bonne bouille presque souriante et un corps gringalet qui ne doit pas être difficile à battre à la lutte. Mais avec le Diable, on ne sait jamais. Momo essaye plutôt la séduction. Lui qui connaît tous les fruits sauvages, il en cueille quelques uns et les lance aux pieds du diablotin comme pour l’inviter à jouer. Le Diable s’arrête de gigoter, ramasse un fruit, le goûte, a l’air de le trouver bon et regarde qui l’a lancé. Momo n’a pas peur, il tient dans sa main une grosse pomme en faisant signe au Diable de venir la chercher.

Et le Diable s’avance vers Momo…. tout lentement……. de plus en plus prés….. il le regarde de ses yeux qui ne peuvent s’arrêter de lancer des éclairs……il tend la main….et prend la pomme en faisant un petit signe qui dans son langage veut dire merci. Puis il s’éloigne en dessinant avec sa queue de jolies arabesques, en agitant sa main en guise d’au revoir.

D’un seul coup, les bruits de la forêt redeviennent aimables, la lumière se faufile du ciel jusqu’au sol, tout devient clair, coloré, lumineux. Éric se redresse dans sa charrette. Momo !! Momo !! Où es-tu ? Je vais mieux, je suis guéri. Ne te dérange pas. Je crois que j’ai vaincu le Diable.

Éric, je suis là. Je suis content que tu ailles mieux. Tu dis que tu as vaincu le Diable mais je peux t’assurer qu’il n’existe pas, je le sais, je l’ai vu.

La charrette fait demi-tour et les chevaux qui la traînent font une belle course jusqu’aux écuries royales.

 

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