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12 juin 2015

Sourire, par Michelle Jolly

Piste d'écriture: donner la parole à ceux qui ne l'ont pas d'habitude, objet, animal, végétal...

Je n’ai pas le temps de me reposer, ils arrivent dès le matin, serrés, par troupeaux, ils sont bruyants, et j’ai du mal à reconnaitre leur  origine : même allure, mêmes tics, mêmes machins en bandoulière, ils passent et repassent.. J’aimerais en arrêter quelques-uns, savoir d’où ils viennent ? S’ils ont des enfants ? Une maison accueillante ? S’ils aiment le sucré, le salé ? S’ils rêvent et à quoi ?   Si je leur plais enfin ? Non, ils passent et vont plus loin.

On m’a installée au bord de la toile, et j’attends là, mains croisées sur ma robe brune, derrière moi le paysage habituel, arbres et verdure, un ciel clair, peut-être des oiseaux ?  je ne sais pas car je n’ai pas l’habitude de me retourner ; y a-t-il de l’eau ? un lac ou la mer ? Je ne crois pas, je n’entends pas de marins ni le clapotis des vagues… Au bout d’un moment des envies me prennent : lever les bras, pour me détendre un peu, faire un signal au joli blond qui passe, ou aller chercher, dans le verger derrière, une pomme ou des noix ! Mais ce n’est pas la consigne.. je dois rester sage et assise.

Parmi ceux qui passent dans la foule, en bas, il y en a qui disent : « Ce n’est que ça ? »  D’autres : « Je ne le croyais pas si petit ! » Certains s’arrêtent un moment, j’aime bien ceux qui s’arrêtent… Cette petite fille qui pose des questions à un monsieur voûté, « Elle me regarde là, et plus loin elle me regarde encore, pourquoi ? », ce grand personnage qui ne cesse de prendre des notes  en parlant à quelque chose suspendu à ses oreilles et  me regardant fixement , cette vieille femme qui est venue il y a quinze jours et qui revient encore, le gardien qui surveille , évite que l’on m’approche comme si j’avais une maladie transmissible !       

sourire

Je n’ai pas le temps de me reposer, mais dans le fond j’aime bien ça ! L’emplacement où l’on m’a mise me plait assez, même si j’ai parfois des fourmis dans les jambes. Devant moi c’est un spectacle, varié, instructif pour l’ignorante que je suis, car, je n’aurais jamais cru (et j’en doute encore), qu’il y aurait autant de visages venus du monde entier, parcourant de longues salles, pour me rencontrer ! On m’avait seulement dit :

« Assieds-toi devant, au bord du cadre, dans le coin, croise tes mains, regarde à l’extérieur et surtout souris, souris…. »

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