On ne s'endort jamais seul, par Carole Menahem-Lilin
On ne s’endort jamais seul,
Ont glissé dans les failles du sommeil
Quelqu’un avec qui courir
L’ange de la tombe d’à côté
Tous les visages qu’on a empruntés.
Le sommeil nous vibre
Nos paupières battent
Les ailes luttent, pour redevenir
Nageoires, épaules, archets et hâte
Cocons dansés
Pensées–
Le présent redevient cette cerise
Dans laquelle à jamais nous croquons
La perte ne souffre plus
D’être manque au lieu de porte
Quand nous la regardons
A travers le miroir onirique
On ne s’endort jamais seul
Dans la soie du sommeil nous nous multiplions
Pour nous retrouver au réveil
Questionneurs, mais régénérés.
On ne s’endort jamais seul,
D’ailleurs s’endort-on seulement ?
Les rêves sont nos égaux
Et les questions, nos sésames.
Copyright Carole Menahem-Lilin, 2016
Ce poème s'appuie sur des titres de romans, quelquefois détournés,, mais je l'ai retravaillé jusqu'à ce que j'aie l'impression qu'il vaut par lui-même. L'illustration est bien sûr une toile de Magritte, « Le retour », 1940.
titres inspirateurs: On ne s'endort jamais seul, Quelqu'un avec qui courir, Le mec de la tombe d'à côté, Les années cerise.