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30 mars 2022

Duo ? Trio ? par Christiane Koberich

  Piste d'écriture: duo ou trio                                 

            La vie nous offre de multiples exemples de duos amicaux ou amoureux qui, un jour, à la faveur d’un concours de circonstances, deviennent des trios, plus ou moins bien acceptés par l’un ou l’autre des protagonistes. Ou par chacun d’entre eux à tour de rôle, lorsqu’il se retrouve dans la position du troisième alors qu’une connivence, même passagère, relie les deux autres, l’excluant pour un temps dans le rôle de l’intrus, du boulet.

            C’est vrai déjà pour le tout petit enfant, jaloux de l’amour exclusif que sa mère lui porte. Elle à qui il doit tout : sa naissance bien sûr, même s’il ne le sait pas encore ; les soins dont il a besoin, sa nourriture, ses joies, ses caresses, bref tout l’amour dont il est si dépendant. Qu’une nouvelle naissance vienne perturber cette relation et le premier né entre dans une période de frustration, de souffrance, d’ambivalence par rapport à ce rival qu’il est contraint d’accepter ; qui lui plaît parfois mais dont il aimerait bien se débarrasser pour retrouver cette première place… « Maman, quand on va le ramener à la maternité ? Il va pas toujours rester chez nous, hein ? »

            C’est vrai aussi à l’école. Les premiers jours de classe sont décisifs pour le dernier arrivé, le nouveau, dont l’esprit est préoccupé par deux éléments majeurs : est-ce que le maître est gentil ? Et est-ce que je vais me faire des copains ? En ce qui concerne les copains, bien sûr, il se retrouve face à des duos d’amis déjà constitués desquels il va devoir se faire accepter. Mais il n’est jamais simple de se retrouver dans la situation du tiers perturbateur, car inévitablement se créeront à son contact des rivalités, des jalousies, des souffrances, qui aident à grandir, certes, mais qu’on aurait tort nous adultes, de minimiser.

Tête de jeune femme Léonard de Vinci

            Pensons aussi à l’adolescence. Trois bonnes copines, c’est difficile. Ainsi, se promener dans l’espace urbain à trois ne va pas de soi. Prenez les trottoirs par exemple : ils sont étroits, tout au plus supportent-ils deux personnes côte à côte, obligeant la troisième à s’effacer, parfois devant, le plus souvent derrière, reléguée de fait dans la position du suiveur voire du pot de colle. En tout cas celle dont on se passerait bien… De même, pour les invitations, il arrive qu’il n’y ait pas de place pour trois amies, donc l’une restera sur la touche. Par délicatesse les deux autres ne la mettront pas au courant, et elle l’apprendra plus tard par hasard. Selon son caractère elle se sentira humiliée mais n’en dira rien et pleurera seule chez elle. Ou bien elle pourra faire une scène et se fâcher avec ses prétendues amies. Peut-être aussi trouvera-t-elle une oreille bienveillante, elle-même en colère dans le passé contre « ces deux pimbêches », et qui deviendra une nouvelle copine. Un duo alors se constituera, qui refusera toute nouvelle intruse… jusqu’à ce que l’une d’entre elles rencontre un beau garçon dont elle tombera amoureuse, délaissant alors par la force des choses, sa dernière meilleure copine, mais cherchant quand même parmi les proches de son nouveau petit ami, un beau garçon à lui présenter.

            Et voici comment des histoires de duos ou de trios parcourent nos vies, peuplent nos univers, occupent nos pensées.

copyright Christiane Koberich, mars 2022

Illustration: Tête de femme presque de profil qui date du début des années 1490 (ParisDépartement des arts graphiques du musée du LouvreINV 2376, Recto).

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