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23 mars 2007

Une soirée costumée, par Alice Padovamo Michaelef

Une soirée costumée

 

Par Alice Padovamo Michaelef

 

Il y avait : ... Philippe Denis Jean-Pierre Bruno Frédérique Marie Charlotte et Moi ...

 

 

La salle brillait de mille feux ! Oh, une vingtaine tout au plus ! Chacun de nous avait invité une ou plusieurs personnes, la plupart déguisées et masquées gardant jalousement leur anonymat, d'autres, simplement costumées, mais visages à découvert. Pour les fans du Carnaval, bas les masques à minuit pile !

 

La soirée s'annonçait joyeuse et pleine de surprises, vu la diversité des accoutrements qui défilaient devant nous... Bonne musique, bien dosée ; et côté apéritif et buffet froid : alléchants, à voir les morfalous installés contre la grande table...

 

Des couples se mirent à danser, mélange surprenant : la princesse hindoue avec le gorille, le général étreignant la belle gitane, le père curé avec la mauresque (« Qui convertira l'autre ? », pensais-je), un grand garçon en barboteuse et bonnet roses, sucette au bec, avec la sauvageonne, et enfin l'Homme de Cro-Magnon avec la bonne du curé.

 

Au milieu des danseurs, un couple – chemise de nuit, chaussons, cheveux en bataille, bougies à la main et l'air endormi – se déplaçait lentement, tandis qu'un beau romain (salade du même nom en guise de perruque) déambulait nonchalant, taquinant les filles en se plantant devant elles pour les saluer d' un tonitruant ‘Avé César' . . . Quatre scouts, à la recherche d'une ‘B A’, mettaient la pagaille ; une superbe espagnole, castagnettes au-dessus des têtes, tourbillonnait en jetant des ‘Olé’ ; un vieil arabe, djellaba blanche burnous noir, moustachu barbu, regardait de haut ce déferlement bizarre.

 

J'étais assise, ravie de voir autour de moi une telle gaieté… Chacun avait l'air de se régaler de musique, de danses, de rires, de gâteaux ou encore de jets de confettis qui nous faisaient un tapis moelleux et multicolore.

 

Vous ai-je parlé de mon déguisement ? Non, eh bien, je portais un costume de femme arabe noir et doré, un voile léger en zénana me descendait dans le dos, en laissant voir une chevelure luxuriante, aussi sombre que mes yeux agrandis par le khôl. J'étais méconnaissable, ce qui m'a poussé à accepter la compagnie d'un vieil arabe en burnous… et de flirter un chouïa.

 

La fête battait son plein, lorsque tout à coup surgit un couple étrange. Elle, grande, jupe longue, chemise en dentelle, châle noir, chapeautée, gantée, grosses chaussures (sans doute un homme !), lui (une femme sûrement), petit, en bleu de travail, godillots, cheveux frisés et courts, sourcils épais, grosses lunettes, faux nez, casquette en arrière ; ils s' installèrent sans dire un mot ! . . .

 

La grande femme fumait des blondes, l'homme l'invitait à danser ou lui servait de pleines assiettes de riz cantonnais, toujours sans parler.

 

L'assistance s'interrogeait, on entendait des :

 

-       Tu les connais ?...

 

-       Qui les a invités ?

 

-       C'est qui ? Des amis à toi ? . . .

 

 

Cela devint un jeu, chacun donnant un nom, une idée. Un de mes fils fit même danser ‘l'homme’, il essaya en lui passant la main dans le dos de voir s'il y avait un soutien-gorge sous la chemise (il nous l'avoua plus tard). Personnellement, j'avais passé en revue toutes mes connaissances, sans succès ! . . .

 

Quand arriva l'heure fatidique où les inconnus devaient révéler leur identité, ce fut une ruée vers les stars de la nuit! ! ... Et là… bouches ouvertes, ébahis, ahuris, nous découvrîmes une de mes filles et son mari. Eux, qui avaient déclaré : « Nous ne viendrons pas, nous n'aimons pas les déguisements…» Oh ! . . . les monstres ! . . . Dire que je n’avais pas reconnu ma propre fille, et que ses frères et soeurs non plus ! . . . Dire que mon gendre avait ouvert la bouche pour demander où se trouvaient les toilettes, qu’il avait fumé des blondes alors qu'il ne fumait que des brunes ! Il avait mangé et remangé du riz qu'il n'aimait pas ! . . . Ils ont été très forts ! Ils nous ont eus ! Nous avons marché à fond !

 

Après avoir ri tout notre saoul, nous avons pu, dans un calme relatif, admirer qui était qui, ce qui fut facile !

 

La fête continua dans une ambiance folle dont nous nous souvenons encore avec nostalgie.               

 

 

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