Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Ateliers d'écriture et d'accompagnement à Montpellier ou par Zoom
Newsletter
Publicité
Archives
28 avril 2009

Pourquoi Goulebenèze est resté garçon, par J.C. Boyrie

Pourquoué Goulebenèze

est restâ garçon...

( Histouère du pays charentâs)

 

Not' cousin Renaudin-la-Frairie, dit «  Goulebenèze » est un bon garçon. Dommage justement qu'il souêt resté... garçon. Enfin ça, c'est son affaire.... les femmes, à souéssante ans passés, il sait de quoué il retourne. La « frairie », dans les Charentes, c'est comm' qui dirait la fête, la fouère, toute festivitâ qui ramène du monde au pays. Chaque village a la sienne, y' a des frairies toute l'année. Aux beaux jours, mazette, ça fleurit de partout. On y va pour mangeâ, pour bouère, pour taper le carton. Ou simplement rencontrer des amis, causer entre voisins. Parole : y a tout ce qu'on veut pour s'occupâ : l' tir à la carabine, la tombola, l' bal pour la jeunesse, l' bal à Papa, l' manège pour les droles. Et cetera, et cetera.

Et Goulebenèze, dans tout ça ? On avait point songeâ à vous le dire.

Début de parenthèse :Goule ben aise, la bonne bouille en patoué du coin, c'est un personnage de légende, populaire chez les grands comme les petits. Inutile de l' présentâ, tout le monde connaît ici.  Fin de parenthèse.

Le Renaudin, l'est pas homme à rester dans ses Charentaises, celui-là. Ben sûr qu'il fréquente ! Même on dit au pays qu'il a failli convoler, voyez-vous ça ? Seulement, pour son bonheur ou son malheur, on ne sait pas trop, il s'est produit quéque chose d'extraordinaire.  Un couac, une faille, un événement inattendu. Même que nous, ses cousins ,ne savons pas vraiment de quoué il retourne.

Il nous tarde de connaître le fin mot de l'histouére.

Renaudin-Goulebenèze ménage ses effets, on peut dire qu'il fait durer le plaisir, celui-là. En bon cagouillard (1) qu'il est, il se presse point d' se racontâ. L' voici qui tisonne le feu. Buffe (2) sur les braises. Place une bûche et une pogne de châtaignes sur le gril. Nous les offre brûlantes, éclatées à souhait. Toussote pour s'éclaircir la voué.

Bon. Cette foués, on y est.

« Par où j' commence ? Par le début, pardi ! Le pays natal : Saint-Simon, vous connaissez ? Un village de bateliers, au bord de la Charente (3). Autrefoués, tout le monde y naviguât. J'avions appris à rouir le chanvre pour faire du cordage. Une bonne corde, pour tirer l' bateau sur le halage, y' a qu'ça ! Ben sûr, faut s'y mettre à plusieurs, c'est un métier qui s'apprend. Les gabares, on douet les calfater de temps à autre pour qu'elles prennent point l'eau.

« Mais j' bavarde, elles ont fait leur temps, les gabares (4). Les années passant, nos barques ne portent plus de marchandise, juste des touristes. Mazette, on voit plus qu'eux, les pékins !

« Notez ben, j'âs rien contre les promène-couillons sur la Charente, mais quéque part, faut bien vivre. J'avions héritâ d' mes vieux la p'tite vigne de Quatre-Vaux, je m'suis mis à faire du cougnâ. Vous m'croirez pas, le métier de bouilleur de cru (4), ça eût payé, ça paye plus, ça mérite pas le travail qu'on se donne. Eh ben, que je m'dis, y a plus qu'à s'mettre à la retraite et vendre les châtaignes, on n'a qu'à s'baissâ pour les ramassâ.

Voyez celles-là qui viennent du Gros Fayant, rien que de l'extra, que j'vous dis.

Le bois de la Garenne, vous connaissez ? La châtaigne y tombe en pagaille ! Quand elle est mûre à point, on s'y met à quatre ou cinq, même qu'on remplit le fourgon dans la journée comme qui rigole. Si vous m' croyez pas, z'avez qu'à venir c' t' automne, histouére que j' vous paye un coup à bouére.

«  Si vous m'croyez pas, z'avez qu'à vous mettre au marron grillâ. Pourquoué pas ? Vous verrez qu' ça se vend ben sur les fouéres. Pour sûr, faut avouér la santâ : toujours sur la route; lever à potron-minet, même qu'on finiss' tard dans la nuit. Dehors par tous les temps, enfin ça, j'as l'habitude. Pour changeâ, j'âs mis les châtaignes en farine pour faire des crêpes et des bugnes, ça nourrit mieux son homme. On fourre les beignets avec tout ce qu'on veut : du sucre, de la crème au beurre, de la confiture, de la banane écrasée ou du nutella.  Des fois tout mélangé. On plonge tout ça dans l'huile bouillante et ça part comme un rien. Même qu'à la fin d' la journée, j'arrive plus à fournir. Ensuite, y'a plus qu'à récupérâ  l'huile pour fé tournâ  l' fourgon. Rouler à la friture, c'est l' pied, mon gârs : ça sent pas la rose, au moins ça carbure ben et c'est tout bénéfice.

« Vlà-t-y pas qu'à la Saint Martin je m' trouve d' la compagnie. A la frairie de Puymerle  (6), j' te croise une belle garce, une jeunesse par rapport à moué, trente cinq ans tout au plus. Une force de la nature. Bon Dieu, que je m' dis, elle jambonne pour deux, celle-là ! Sur la planche à cochonaille, elle cent-kilose ben... Mais attention ! Pas de graisse, rien que du muscle, mon gârs. Moué qui fâs trente livres de plus qu'elle, ça m' fât deuil ! Olé ben qu'on s' présente. Mélusine qu'elle s'appelle, vu qu'elle a d' la famille du côté d' Lusignâ. C'est une foraine, comme moué. Sauf qu'elle fait du chichi, de la niniche chaude (7) et d' la barbe-à-Papa.

« On pourrait faire notre affaire ensemble, que j' lui dis. Pourquoué pas ? qu'elle fait. C'est qu'elle a pas dit non, la drolesse, ça j' l'aurions pas cru.

« Y' a pas si longtemps, la Mélusine tenait un manège avec son Jules, comprenez : faut ben êt' deux pour faire ça. Forte comme elle est, c' te fille, j' vous jure, elle vous monte et démonte l'installation en un rien. Seulement, ça pouvait pas durâ, son Jules l'a plaquée, elle aussi a levé le pied.

« Quand j'vous dis qu'on était faits pour s'entendre... Six moués durant, on en a fait des fouéres ensemble ! J' dis pas la fouére tout court, parce qu'elle voulait qu'on fasse chambre à part. En tournée, fallait ben couchâ dans le fourgon, j'étions sur la banquette arrière. Un canapé « trois cuisses », qu'on dit, même qu'en en plaçant deux côte à côte, ça fait un « six cuisses ». Autant vous dire, pour qui s' débrouille, ça n'en fait qu'une, de banquette, et pour deux ben enveloppés comme nous... . J' vous raconte pas.

« La bagatelle, j'y pensâs d' jà  plus trop, à mon âge, mais baste ! Un jour ou l'autre, fallait ben qu' la chose arrive, eh ben c' t' arrivâ. Ce samedi souér (7), après la fouére, j'avions dû bouére un coup d'trop. Enfin, j' te vas la rejoindre sur la banquette, et que j' te la besogne, et que j' te la nique et qu'on fornique.

« Moué, je sentais ben qu'elle me cachait quéqu' chose, la garce. J' passe la main sous la couette... et là, qu'est-ce que j' trouve ? Une masse gluante, poisseuse, visqueuse (8). La Mélusine, elle avait tout l'air de sortir de l'étang. Ben mon couillon, tu m' croiras si tu veux, c'est pas des jambes qu'elle avait, mais une....

« Bon, je fâs ni une ni deux, je pousse un hurlement, je m'escampe... Et puis mon gars, c'est tout, l'histouére est finie, même qu'elle se termine comme qui dirait en queue de poisson.

« A présent, je m'suis remis à faire du marron sans personne, olé ben qu' c'est mieux comme ça. Dans la vie, mon gârs, vaut mieux être seul que mal accompagnâ.

 

Notes et commentaires :

  1. Le terme « Cagouil » désigne un escargot, « cagouiller » signifie : traîner, prendre son temps.

  2. "Buffer " = souffler.
  3. Ce village-musée -anciennement Saint-Sigismond - se visite aux environs de Jarnac.
  4. Barque à fond plat. "Calfater" signifie emplir avec de l'étoupe enduite de brai les fentes de la coque.
  5. Distillation individuelle du vin de Cognac pour en faire de l'eau-de-vie. Le célèbre privilège des « bouilleurs de cru » (aujourd'hui en voie d'extinction) se prête à une double contrepèterie.
  6. La source de Puymerle était déjà vénérée par les Gaulois. Une frairie renommée a lieu pour  l'Ascension aux abords de la chapelle, devnue lieu de pélerinage.
  7. Bâton de guimauve.
  8. Voir la légende poitevine. La fée Mélusine retrouvait son apparence de « vouivre » (femme -serpent) chaque samedi. Son époux Renaudin de Lusignan devait donc s'abstenir de la regarder ce jour-là. Il s'y était engagé par serment. Sa curiosité fut la plus forte et  fit son malheur et celui de sa descendance.

VOUIVRE

« Elle avoit corps féminin jusques aux boursaults et tout le reste estoit andouille serpentine . »

François Rabelais.

Illustration de l'auteur d'après un bois gravé du XIVème siècle

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
J
Bravo , s'il s'agit d'écrire dans le style le plus decousu , le plus louf , le plus improbable qu'il ne soit donné de lire , c'est réussi !<br /> Jamais lu pareil amoncellement d'innexactitudes .Quelle mayonnaise de culture!Quelle méconnaissance du sujet!Quel dédain pour l'identité Saintongeaise ! Quel grand n'importe quoi ! Au fait demandez donc à son descendant : http://sefco.unblog.fr si goulebenéze est resté garçon et si sa mère est une enfant illégitime . Profitez en pour lui presenter vos excuses !!!
Répondre
J
Je vois avec plaisir que tu as délaissé Edmond Rostand et la tirade des nez que tu nous avais déclamé dans la classe de Rochas (ou Campinchi?).Ton histoire de femme serpent m'a rappelé une engueulade reçu de Bordes (vous finirez par me taper sur le ventre !) alors que nous nous tordions à cause de la magistrale trouvaille:le boa rit.<br /> Ton poème "Tristan" est bien émouvant.<br /> Amical souvenir
Répondre
Publicité