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30 mai 2010

Germanor 8 : "Du barouf..." par Jean-Claude BOyrie

18_03

 

Du barouf chez les Barroufets.

 


Qui l'eût dit, qui l'eût cru ?  Ce n'était pas prévu ! Voilà maintenant que le père Bonhomme s'avise de m'accompagner au Barri ! Pas en voiture, ce serait trop simple... à pied s'il vous plaît ! Pedibus cum jambis ! L'évolution de cet écart de Laroque, son chouchou, son enfant chéri, est un sujet de fierté pour Monsieur le maire. Le seul en ce moment, d'ailleurs. Quand tout fout le camp dans sa commune (c'est du moins ce qu'il pense), il trouve au Barri des raisons d'espérer.

 Au fait, « Barri », qu'est-ce que ça veut dire ? Tout simplement : « le quartier ». En bonne logique, on appelle les habitants du « Barri » : les Barroufets. Id est, les petits frères occitans des Schtroumpfs (dans ce village on voit des lutins partout).

 Ce lieu n'est distant que de cinq à sept cent mètres du centre urbain, selon qu'on s'y rend par la route ou en empruntant les drailles, des chemins de troupeaux, lourds de la poussière arrachée au fil des ans par le passage répété des bêtes. Les drailles serpentent à travers champs entre les murs de pierres sèches alignées, empilées, dressées l'une contre l'autre.

 La lauze est un matériau rugueux, plein d'aspérités, comme les gens d'ici. Pourtant, ce matériau se plie à la main humaine qui sépare, assemble, segmente, rassemble, divise, réunit, polit et repolit.

 Question trajet, je vous la fais courte, mais Lucien Bonhomme en est pour « la version longue ». Cet itinéraire qu'il me fait emprunter, il pourrait, l'habitude aidant, l'accomplir les yeux fermés.  Pour situer le temps de parcours, un marcheur normal, parti de l'Hôtel de ville, va mettre un bon quart d'heure, à tout casser, pour se rendre au Barri.

 J'observe du coin de l'oeil mon compagnon de route. Oubliés les rhumatismes ! Au contact de la nature, ce presque octogénaire a retrouvé son entrain. Il respire à pleins poumons l'air gorgé de senteurs, dont celle du romarin, prélude au printemps qui s'annonce. Du coup, c'est moi qui dois m'adapter à son rythme. Ceci ne nous empêche pas, chemin faisant,  de tchatcher un peu.

 Il y a deux ans, me confie-t-il, la révision du Plan d'urbanisme de Laroque a donné lieu à la plus belle empoignade qu'il ait connue de mémoire de maire. À propos du quartier du Barri, les anciens du Conseil municipal s'étaient colletés grave avec les nouveaux. Les uns, agriculteurs en majorité, voulaient rendre constructibles un max de terrains. Avec l'arrière-pensée de réaliser des plus-values sur leurs champs à l'abandon. Les autres, ceux qu'on nomme « rurbains », les gens de la ville récemment arrivés à Laroque, recherchaient sans discernement le grand air, la verdure et du terrain à bâtir à un prix abordable.

 « Ils auraient voulu s'installer n'importe où, même en rase campagne ! commente Lucien d'un ton critique. Je rétorque illico :
  - On voit bien que tu n'as jamais vécu confiné dans un immeuble collectif !
  - Je l'imagine très bien, reprend-il, mais dans le cas d'espèce, on allait droit au mur. Si je m'étais résigné, si j'avais accepté de suivre le cours naturel des choses, des constructions neuves se seraient développées en couloir sur presque un kilomètre, tout au long de la route d'accès.
Il n'y avait qu'à, suggérait-on, prolonger les réseaux depuis le village jusqu'au Barri. Ben voyons ! Pourquoi pas jusqu'à la mer, pendant qu'on y était ?
  - Effectivement, c'eût été la solution de facilité.
  - Eh bien non,
caraï ! Je ne voulais pas d'une plate-forme d'atterrissage pour maisons préfabriquées. Je me suis élevé contre ce qu'on nomme vulgairement « l'urbanisme de tuyaux à mouscaille ». J'ai plaidé pour une autre solution consistant à restaurer et densifier le noyau ancien du hameau. Le jeu en valait la chandelle... Tu t'en rendras compte sur place : on trouve au Barri des maisons Renaissance ayant conservé leurs linteaux en accolade, leurs fenêtres à meneaux et tout le tremblement. Cela n'est pas allé tout seul. Il m'a fallu, pour arriver à mes fins, brandir la menace de la démission. L'arme absolue. Heureusement, certains conseillers - ceusses que j'appelle ma « garde rapprochée » - m'ont suivi. Les autres qui voyaient de juteuses plus-values leur passer sous le nez m'en ont voulu, tant pis pour eux. À force de patience, j'ai fini par obtenir que le Barri soit sauvegardé. »

 Je m'astreins d'habitude en tant que journaliste à ne pas laisser transparaître mon opinion personnelle sur les débats locaux, mais ici, j'ouvre une parenthèse. Oui, j'admire sincèrement ce vieux maire qui n'a pas craint, pour préserver le patrimoine, d'agir à contre-courant de l'opinion d'une grande partie de ses électeurs.

 Je pense à Pierre. Il avait, comme Lucien, « le pays dans la peau ». À l'heure où les premiers rayons du soleil viennent frôler le sol mouillé, Pierre marchait pieds nus dans la rosée. Il aimait sentir au contact de sa peau la fine couche de buée, humait la vapeur légère qu'exhale la garrigue. « Les végétaux transpirent, disait-il, c'est comme la respiration de notre terre ».

 Et le bruit du vent se mêlait aux sonnailles imaginées des troupeaux.

 Tout ça, c'est du passé. Déjà le passé. Notre passé.

 Il y a belle lurette qu'on n'élève plus de moutons sur le plateau de Laroque. Cette activité d'antan laisse une trace indélébile dans le paysage. De petits enclos se succèdent. On reconnaît ici les restes d'une capitelle (abri pastoral). Un peu plus loin, les ruines éventrées d'une bergerie révèlent leur trésor : une superbe charpente quasiment intacte. Une association locale a suggéré de la restaurer. La commune encourage cette initiative, bien évidemment. Cet été, un chantier de jeunes doit avoir lieu. Assistés par un maçon professionnel, les bénévoles font un excellent travail. Ils manifestent un enthousiasme communicatif même dans l'exécution des tâches les plus pénibles. Relever des ruines est en outre un moyen judicieux d'employer les chômeurs de la commune. Au moins ils ont l'impression de faire oeuvre utile. Ce faisant, ils retrouvent leurs racines.

 Oui, mais dans quel but ? D'ores et déjà, un jeune ménage s'est porté candidat pour louer ce bâtiment vénérable une fois restauré. Il projette d'en faire une chèvrerie. « Attention, ne s'improvise pas éleveur qui veut ! » prévient Monsieur le maire. Le fromage de bique se vend bien à condition de savoir l'affiner. Et puis, on peut avoir de mauvaises surprises avec ces bestioles.... Ce n'est pas pour rien que le mot chèvre a donné naissance à l'adjectif « capricieux ». Avant de se lancer, autant suivre une formation adaptée et tenir compte des conseils des anciens.

 Je mitraille l'environnement avec mon Foca. Je suis bien ici pour ça, n'est-ce pas ? Lucien, lui, n'a pas besoin d'appareil photographique. Il restitue de mémoire les cultures qui se trouvaient là, du temps de sa jeunesse. Ces murs délabrés délimitaient le parcellaire. Des vignes minuscules s'y trouvaient enchâssées, à l'abri du vent. On faisait pousser des céréales entre les pâquis. Ces terres caillouteuses ne procurant qu'un maigre rendement, les cultures sont tombées en déshérence. Il en est de même des arbres fruitiers disséminés dans le paysage, torturés par le cers et brûlés par le soleil. Le temps passant, les amandes douces sont devenues amères. Personne ne se donne plus le mal de les casser. Les pêches de vigne, si goûteuses, sont désormais introuvables sur le marché, de même que les pérotes, ces poires minuscules... que du sucre, je ne vous dis que ça ! Les figues pourrissent sur l'arbre ou font le régal des oiseaux. Quant aux olives, pécaïre, on a fini de les récolter à cette saison. De novembre à février, la campagne sent l'huile. Au mois de mars, on taille les oliviers pour en pour éclaircir le feuillage. Enfin, c'est ce que devraient faire leurs propriétaires mais ils s'en sont désintéressés après « l'année du gel ». Cet arbre, symbole de paix, retourne peu à peu à  sa forme priemière et sauvage : l'oléaste - un brûlot redoutable !

 « Déprise » n'est pas, et de loin, synonyme  de « désolation ». Le paysage que nous avons sous les yeux se révèle même étonnamment vivant. Ici, la nature a repris ses droits. Le kermès envahit les anciennes zones de parcours. Bruissant d'insectes, ces buissons épineux précèdent l'apparition du chêne vert et de tout ce qui l'accompagne.

 Un bruit furtif, un éclair argenté : c'est une couleuvre qui se faufile entre les pierres. À moins qu'il ne s'agisse tout simplement d'un gros lézard. Une bartavelle s'envole à notre approche. Dans le ciel, une buse tournoie, fond sur sa proie en poussant un cri aigu. Et l'homme, dans tout ça ? Il est admis à l'extrême rigueur en tant qu'animal à deux pattes, à condition de se fondre dans le paysage, de rester à sa place et surtout ne pas se faire remarquer. Étonnez-vous avec cela qu'une zone de déprise soit qualifiée « d'aubaine » par les écologistes ! Un espace à l'état de friches intéresse les spécialistes de tous bords. Hautement sensible, il requiert un minimum de gestion, on le destine à accueillir les randonneurs, les touristes, les enfants des écoles !

 À l'approche du hameau, dès qu'apparaissent les premières maisons, la nature se civilise, la garrigue fait place aux jardins familiaux. Une expérience timide tout d'abord, qui s'est développée avec la crise. Elle a rencontré un succès foudroyant parmi les habitants du village. 

 « Le principe est simple, expose Lucien. Dans un premier temps, la commune a acquis, pour les aménager, les terres basses, alluviales, situées en contrebas du hameau. Un ruisseau permanent les arrose. Dans ce pays, tu le sais aussi bien que moi, on ne peut rien faire hors de la présence de l'eau... Ces lopins de terre, une fois remis en état de culture, sont loués à des ménages aux revenus modestes.
  - Tout le monde n'a pas les pouces verts, comment peut-on si facilement s'improviser jardinier ?
  - Ceux qui ne savaient pas ont appris au contact des autres, tout simplement. Vois-tu, Rose, certains qui de leur vie n'ont touché ni pioche ni râteau se révèlent aujourd'hui les plus acharnés.
  - Comment expliques-tu cet engouement du public ?
  - Il y a des raisons multiples. La nécessité pour les uns d'améliorer leur ordinaire, je pense à ceux qui sont au chômage. La satisfaction pour d'autres de produire eux-mêmes les fruits et légumes dont ils ont besoin. Du fait qu'on n'a pas répandu d'engrais ni de pesticides ici depuis des années, les plus convaincus ont trouvé l'opportunité de « se mettre en bio », comme on dit.
  - Ce label est difficile à obtenir. Il y a beaucoup de contraintes....
  - Oui, je sais. Certains qui avaient entrepris la culture biologique se sont découragés, ils ont baissé les bras. Les rendements sont faibles, la vente directe est difficile à maîtriser. Amuse-toi donc à vendre - ou essayer de le faire - sur les marchés du coin des pommes petites, mal calibrées, toutes ridées, avec plein de vers au milieu ! La galère ! Pourtant, les consommateurs de ces produits « minables » se portent mieux. Ne me demande pas pourquoi, mieux vaut poser la question au docteur Prurigo...
  - C'est fait, je l'ai déjà vu. Avant-hier, il m'a expliqué tout ça.
  - Ernest t'a certainement dit que les habitants du Barri qui consomment leurs propres produits n'ont plus de boutons. Mais le vrai miracle n'est pas là. Tous ces déracinés ont trouvé de nouvelles marques, de nouveaux repères. Les jardins familiaux font figure de plaque tournante. Tu n'as qu'à voir : ici, c'est un point de rencontre ! Même s'ils viennent d'ailleurs, de très loin parfois, tous ces jardiniers amateurs ont acquis un sentiment d'appartenance au quartier. Par exemple, ils se rassemblent au moment de la récolte pour faire un repas en commun. Les femmes échangent des recettes de cuisine, et les convives trouvent dans leur nourriture partagée les saveurs et le parfum du terroir.

 Je note ce que dit Lucien. Il parle vrai. Nous avons tous un jardin secret, monde enchanté, qui gît quelque part dans notre inconscient. Un carré de choux, des tomates en espalier, la coiffure en brosse des artichauts, le vert fouillis des pois et des haricots, agissent comme des révélateurs. Ce sont autant de petites merveilles qui naissent de notre rêve; on ne les redécouvre qu'en s'extasiant.

 Une parcelle est réservée aux enfants des écoles. Si ça se trouve, Boucles blondes est déjà venu y jardiner avec son instit' et ses petits camarades. À la fin de la semaine, sûrement, il aura plein de trésors à me montrer, de mystères à me révéler. Mais la curiosité principale de ce lieu, c'est le jardin de plantes médicinales. Il est cultivé par Anna, la compagne de Manoel.

 Je la retrouve avec surprise au Barri. Elle a bien des ennuis, la pauvre, en ce moment. Heureusement, cette occupation bucolique lui fournit un dérivatif. Anna s'y connaît en simples, elle voudrait créer au Barri une filière spécialisée et plus tard, monter une herboristerie. Herboriste : une profession perdue à réinventer. Anna envisage comme eux de stocker ses drogues dans des pots d'apothicaire sagement alignés sur une étagère. Vous en avez tous vu, de cette belle faïence jaune d'antan, ornée de décors floraux bleu manganèse, avec écrit dessus en grosses lettres les mots : sauge, mélisse et tutti quanti. Et cet adage médical qui date de l'École de Salerne : « Pourquoi meurt-il, l'homme qui a la sauge en son jardin » ?

 Le projet d'Anna me semble à première vue séduisant. Pourtant, il y a un hic : le pharmacien du bourg voit tout cela d'un mauvais oeil, allez comprendre. Il envisage de faire un procès à la jeune femme, au motif que ses herbes contiennent des substances actives qu'elle ne peut commercialiser sans contrôle médical. Accusation de sorcellerie ! Anna passe outre. Après tout ce qu'elle a vécu, elle n'en est plus à ça près.

 À défaut de mise en vente, elle passe un temps fou à étiqueter ses plantes : nom latin, nom vulgaire, propriétés curatives. Sans doute imagine-telle que les passants liront ces étiquettes en détail. Ce peut être effectivement le cas. Pas question pour moi de m'aventurer dans le dédale des espèces rares. Je préfère interroger cette spécialiste intarissable sur les vertus des essences courantes, celles qu'on croit connaître et dont on ignore tout. La sauge, me dit-elle, est la plante qui sauve, qui guérit. Puissamment aromatique, avec une saveur un peu amère, un parfum balsamique et rude. La mélisse atténue les nausées des femmes en mal d'enfant. L'olivier exerce une action hypotensive lorsqu'on en consomme les jeunes feuilles en infusion. L'ail diminue  le taux de cholestérol et prévient les accidents cardio-vasculaires. Le thym, la sarriette et le laurier facilitent la digestion. L'ellébore soigne les troubles mentaux. L'aigremoine et la consoude sont astringentes.  La douce-amère et la bardane traitent les maladies de peau, l'aristoloche et la pivoine sont remèdes souverains contre l'épilepsie. L'épurge et l'euphorbe ont vertu dépurative. Le souci des jardins cicatrise les plaies et calme les inflammations. Le bleuet et le plantain jouent un rôle apaisant. La guimauve et le bouillon blanc sont adoucissants. Le millepertuis est un antidépresseur et facilite le sommeil. L'élixir de charme redonne l'énergie et l'enthousiasme.

 Ouf ! Juste ce qu'il me faudrait en ce moment.

 Anna précise doctement :

 « Un élixir s'obtient en faisant tremper les fleurs dans une coupelle d'eau mêlée d'alcool, qu'on expose aux rayons du soleil. L'énergie vitale passe dans ce mélange qu'on recueille après quelques heures de macération....

 Mon interlocutrice s'interrompt brusquement dans ses explications. S'effondre. Fond en larmes.
  - Qu'y a-t-il, Anna ? lui demandé-je.
  - Je ne sais pas pourquoi je vous parle de tout ça. Mes projets, c'est pour quand Manoel sortira de prison.

 Lucien Bonhomme se précipite à son secours et tente de la conforter :
  - Qui t'a dit que Manoel irait en prison, ma petite ?
  - Eh bien, ça me semble évident.... Après ce qu'il a fait !
- Je ne vois là qu'une histoire de verre cassé.
Ton ami n'a pas commis de crime, il a juste voulu « rompre la glace », pour mettre de l'ambiance, comme on dit en société.

 À l'évidence, Anna n'apprécie pas ce mauvais jeu de mots. Lucien reprend d'un ton bonhomme :
  - Je connais le directeur du Crédit languedocien. Il ne tient pas à ce que l'affaire soit médiatisée. À condition que la banque soit indemnisée, il retirera sa plainte. En ce qui me concerne, en tant que maire de la commune, je suis prêt à me porter témoin de moralité en faveur du prévenu. Tu vois bien : au final, je pense que tout ça va s'arranger.
- Nous ne pourrons jamais payer les dégâts. Nous n'avons pas un sou devant nous.
  - Qui te parle de payer, ma petite ? Nous allons organiser une collecte au village, la solidarité jouera. Tiens j'y pense. Samedi soir, il j'organise une fête au château. Je te fiche mon billet, c'est le cas de le dire, qu'en une soirée, nous aurons réuni les fonds nécessaires. Maintenant, sèche tes larmes et que la fête commence !

 Je note sur mon carnet cette simple question :  Avons nous le devoir d'être heureux ?

(À suivre...)

 

  1. Dimanche 21 mars : Retour sur images.

  2. Vendredi 12 mars : « Les friches, je m'en fiche... »

  3. Samedi 13 mars : « Péreille à l'appareil ».

  4. Dimanche 14 mars : « Pourquoi ils se sont abstenus. »

  5. Lundi 15 mars : La « Cicade » est de retour.

  6. Mardi 16 mars : La guerre des boutons.

  7. Mercredi 17 mars : Le coup de boule de Manoel.

  8. Jeudi 18 mars : Du barouf chez les Barroufets.

  9. vendredi 19 mars : Le nez de la sorcière.

  10.  Samedi 20 mars : « Amics d'avui, amics de sempre ».


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