#Solitaire, par Olivier Hirt (Amazonie)

Mon regard plongé
Au delà de l’Amazone
Vieil homme et la mer

Trente heures de bateau, 600 kilomètres à remonter l’Amazone, coque de noix métallique voguant sur les flots dans un raffut de tous les diables. Quitter la grande ville de Bélem, dernière cité du Nordeste du Brésil, et s'enfoncer dans la forêt, la chaleur et l’humidité. Tout au long du voyage, perchées sur leurs pilotis de bois, quelques habitations affleurent sur les berges. Leurs habitants guettent le passage incessant des rafiots, femmes et enfants s’installent dans leur pirogue et s’approchent au plus près des grandes embarcations. Ils agitent les mains et poussent quelques cris pour appeler à la générosité des passagers qui parfois leur jettent des sacs en  plastique remplis de vieux habits ou d’un peu de nourriture. D’autres gamins, plus téméraires, abordent les bateaux, sans vergogne, au péril de leur vie, pour vendre quelques crevettes salées et séchées au soleil, quelques bananes ou d’autres fruits. Leur manœuvre est précise, déterminée, et la petite amazone qui fronde le crochet terrasserait plus d’un homme.

 Au loin, seul au milieu du fleuve, dans sa coquille de noix, un pêcheur retire ses filets. Tôt le matin, il était venu les déposer, comme toujours au même endroit. Quelques piranhas, une anguille et des poissons chats se sont fait prendre. D’un coup de machette le pêcheur leur tranche la bouche et les strilles sur le dos. Il est l’heure de rentrer, le poisson sera vite grillé, accompagné de riz et de farine de manioc, puis il sera temps de retrouver le hamac.

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