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9 octobre 2012

Jour de canicule, par Michelle Jolly

Piste d'écriture: gouts et parfums...

 

Jour de canicule, refuge sous les platanes,

Contre ma joue la glace d’un soda ;

Dans la ville qui s’agite, air brulant, les odeurs se bousculent,

La poussière, l’essence, le pain chaud, les épices,

Un rien de jasmin  épouse près de moi

La démarche harmonieuse d’une blonde pressée.

Fraicheur de fleurs qui me frôle.   

Cliquetis d’éventails, deux fausses andalouses à l’accent du midi,        

Remuant beaucoup d’air, sirotent leur moka,   

L’odeur vient jusqu’à moi et je ferme les yeux : dans la rue où, enfant

Je passais mes vacances, un épicier brûlait son café du Brésil, dehors,

Je revois la machine, imposante, bruyante,                          

Et cette odeur forte qui nous envahissait.                                                     

Jour de canicule, sous la maigre fontaine                                                     

Un pigeon prend sa douche, secoue ses ailes, et nous ignore tous.           

Je vais rentrer chez moi, en flânant comme toujours.                                

Dans le jardin public attroupement d’enfants, cris aigus,                        

Odeurs acidulées, sucrées, chocolat du gouter, fruits laissés sur un banc

 Près du portail un homme est couché là ;                                                      

Sueurs et alcool, odeurs agressives, misère et renoncements ;                 

Je m’écarte, car il semble dormir.                                                                          

Schinus_Molle Arrivée dans ma rue, longeant la haie fleurie de l’immeuble voisin,      

 Je cueille quelques graines du poivrier sauvage,                                       

Les  frotte dans mes mains, respire avec délice l’odeur forte, épicée,     

Gout de poivre doux, dit le poivre des moines dans des années lointaines

Il calmait disait on leurs coupables ardeurs !                                               

Aujourd’hui personne ne goute ou ne respire cette subtile odeur,            

Je n’y résiste pas, mes ardeurs personnelles ne semblent ni coupables   

Ni indignes à la fois. J’arrive à ma maison.                                             

Jour de canicule, air brulant,                                                                             

Enfin, contre ma joue, la glace d’un soda.

 

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