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10 avril 2013

Attraper le loup... (fin)

Cette fois, c'est le dernier épisode... Premier épisode: ici

VII

Le lendemain elle se leva, s’habilla, et alla faire ses consultations comme à l’accoutumée. Ses collègues la trouvèrent plus souriante et reposée. Elle reçut une invitation à déjeuner pour le samedi, et ne la refusa pas. Après cela, en fin d’après-midi, elle alla avec l’amie au cinéma : on passait le Petit Chaperon rouge, version pour adultes, onirico-sexo-psy. Cela lui plut, d’autant que Bastien était venu lui faire un petit coucou, et regardait l’écran à demi matérialisé près de son épaule. Elle l’entendait rire, et trouvait cela émouvant. « Tout de même, grognaient les loups qui se pressaient contre leurs jambes, on nous donne toujours le mauvais rôle. Tu ne pourrais pas lui écrire, à ce réalisateur, pour lui dire qu’il suffit de nous aimer un peu ? » Malgré tout, les loups s’amusèrent bien, et grossirent de quelques centaines de grammes : ils avaient toujours aimé le pop-corn.

« Tu m’as fait plaisir, lui dit l’amie quand elles furent sorties de la salle, et qu’elles s’attablèrent à la terrasse d’une brasserie. Cela faisait des années que je ne t’avais pas entendue rire comme ça. Je ne comprenais pas toujours pourquoi tu riais juste à ces moments-là, mais tu m’as fait plaisir. » « Tu sais, moi non plus je ne me comprends pas toujours », répondit Ania. « Alors ça, c’est le commencement de la sagesse », sourit l’amie. Et elles choquèrent leurs chopes de bière à la santé de la nouvelle sagesse d’Ania – sa sagesse folle.

L’homme qui l’avait invitée à déjeuner ce jour-là s’appelait Jean-Loup. Ils se revirent. Se revirent souvent. Se découvrirent des affinités, et plus.

Jean-Loup plut au petit frère, et les loups l’adoptèrent, question d’odeur plus que de prénom. Ania aussi l’adopta, pour d’autres raisons, comme compagnon de vie.

Deux ans plus tard, ils devinrent parents d’une petite Perle. Dans la chambre de la maternité, Jean-Loup n’en finissait de bercer et contempler sa fillette : elle était parfaite. Ania les regardait tous les deux, heureuse. Pour une fois, ce qu’elle avait produit plaisait. Et un bébé, c’est beaucoup mieux qu’une galette ! 

« Tu réfléchis comme une enfant », lui dirait son amie. Peut-être, mais tant pis.

Il est temps, se dit-elle, de croquer la vie à pleines dents. 

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Carole Menahem-Lilin, avril 2013, illustration: Libellule

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