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6 avril 2013

Attraper le loup... (3)

3e épisode. Revenir au début : ici

 

III

escargot2Ania à dix ans avait deux ans d’avance dans sa scolarité ; elle était toujours très propre, elle se lavait plusieurs fois par jour et nettoyait sa chambre de la moindre poussière. Pourtant elle enviait son petit frère, qui aimait se vautrer dans la terre, creusait pour planter des cailloux, se battait contre les arbres à coup de branches tombées, et dans sa cabane foutraque, faisait des élevages d’escargots baveux.

Elle aurait dû être repoussée par ces escargots baveux. Mais non, elle était fascinée. Son frère les traitait avec respect, presque avec tendresse, changeait leur eau, leur herbe et leurs feuilles de chou, et les relâchait quand il voyait qu’ils étaient tristes.

A quoi voit-on qu’un escargot baveux est triste, c’est un mystère qu’Ania ne perça pas, mais le petit frère lui le percevait très bien, et son élevage n’eut pas à déplorer de morts.

Jusqu’au jour où le père (qui avait dû manger trop de galettes ce midi-là) tempêta que ça suffisait, détruisit la cabane et jeta les escargots sur le fumier. Ania fut révoltée. Le petit frère, pas tant que ça. Il dit : « C’est vrai que je suis grand maintenant. » Et à la place de l’élevage d’escargots, il se mit à faire l’élevage de copains. Il devint vite populaire.

Les parents étaient très fiers du petit frère, et Ania aussi. D’ailleurs il était le seul à apprécier les gâteaux de sa sœur. Pas pour les manger, pour les humer. « Chaque gâteau raconte une histoire. Tu devrais les écrire, ces histoires. » Ania en convint et elle écrivit désormais des histoires de formes rondes ou carrées, cakes, couronnes, massepain, babas. Le petit frère jouait avec les loups pendant que sa sœur écrivait. Et ensuite elle les lui lisait. Alors il riait, s’effrayait, pleurait, se mettait en colère ; quelquefois même il attrapait l’histoire et la piétinait, d’autres fois il suppliait sa sœur de le laisser dormir avec. Ania acquiesçait, bien sûr. Le petit frère avait de l’émotion pour deux. Il lui montrait comment vivre.

Carole Menahem-Lilin

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