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18 juillet 2013

Delphine, par Frédérique

 

Delphine

 

L'abeille a tranquillement traversé le temps pour venir se poser sur le nez de Delphine. Sans la piquer, sans hostilité. Un peu peureuse elle n'est pas restée longtemps.

Elle est sans doute repartie au pays de l'oubli, se dit Delphine. Elle est partie de l'autre côté, dans le passé. Cela ne la gênait plus beaucoup désormais. Elle avait pris l'habitude de laisser s'éteindre ses élans, ses feux, ses rêves au beau milieu du pays interdit. Le pays du souvenir. Un pays habillé de sombre pour elle, de clair pour les autres. Le monde entier gardait les choses et les êtres en mémoire. Pas elle. Ses amis, ses projets, elle les perdait tous. Ils allaient tous s'abîmer au centre du gouffre. Automatiquement. Inconsciemment. Elle oubliait leurs noms, elle oubliait leurs vies. Elle ne s'en apercevait qu'une fois que le ciel était gris et que sa robe faisait des plis. Qu'elle se froissait. C'était le signe. Le moment de la perte, celui où elle sentait la vie lui échapper. Pour ne pas trop souffrir elle avait inventé des pièges. Des pensées magiques pour un peu maitriser. Grâce à elles elle s'imaginait aux commandes. Elle était devenue celle qui décidait, celle qui choisissait de jeter, de se débarrasser, du plus lourd comme du plus léger, du meilleur comme du pire. Puisqu'elle ne pouvait faire autrement, elle avait renversé la situation. Elle avait mis le choix à la place de la soumission. Elle s'inventait du pouvoir, elle s'inventait des armoires où elle entassait pèle mêle tout ce qui lui tombait sous la main. Elle se pensait victorieuse et elle se croyait heureuse.

Jusqu'au jour où...

La nuit s'est allumée. La porte s'est ouverte sur une simple rencontre.

Il avait du temps libre, le caractère gai et l'allure d'un gamin. C'était Germain.

Pas très malin mais très amoureux, il réveilla son cœur endormi et avec lui les souvenirs sont revenus. L'un après l'autre, en chaîne, par association. Il y a d'abord eu les rêves qui l'ont réveillée le matin. Elle s'en rappelait, elle arrivait même à les raconter. C'est en l'écoutant que Germain a découvert la douleur enfermée. En l'exprimant, Delphine a laissé filer son chagrin, mis en cage sans y prendre garde. Petit à petit elle a lâché les commandes. Il a bien fallu. Son cœur a craqué pour Germain et s'est trouvé rapidement éclaté par la joie. La joie d'une vie toute nouvelle. Différente, avec une mémoire vivante, des amis, des rêves et du feu. Il y avait bien le contrôle qu'elle avait perdu dans la bataille mais elle avait trouvé mieux : un amoureux.

 

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