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15 février 2014

Rêves ? par Chantal Joanny

Piste d'écriture: le rêve.

Rêves ?

la_grande_odalisque44512...vouuuuu waouuuuu siouuuuuu gluuuuuuuuuon sharfff Troie élixir la coupe d'or portée par une main rubis, son sourire sobre sans bruit, le galbe de son mollet par la fente de sa robe de tulles, ses seins ouatés dans les plis de l'encolure, sa chevelure ondoyante comme un rideau ouvert sur une scène de théâtre, ses lèvres discrètes au premier regard posé sur elles, le duvet frémissant dans l'insistance du regard, les yeux se plissent pour ne pas jeter d'éclats, elle paraît sans se livrer lisse et calme comme un lac de montagne, elle est jeune mais pas insouciante, c'est une esclave vouée aux couches du maître, cette nuit elle devra se livrer contrainte et consentante, elle le sert avant l'offrande.

Le maître, bel homme digne et raffiné au poste d'ambassadeur d'Egypte, dans ce palais obligé, à ce cadeau tenu d'honorer, son visage un soleil d'hiver timide et voilé qui rafraichit les 50° de l'extérieur, ce palais oasis où il se sent lui aussi prisonnier des manoeuvres politiques de l'émir et ses ministres, leur apparent intérêt pour un échange avec l'Angleterre, cet Occident pédant et sûr de lui, naïf, qui ne sait pas lire sous les bandeaux les stratégies reptiliennes.... ces moustaches âpres et sombres, ces djellabas jouisseuses à frotter la poussière, leurs nez à humer le thé brûlant, leurs pattes à enserrer les brebis sacrificielles.

Lord Davonshire se sent poussé, piégé à l'étourdissement, au ramollissement de ses résistances, déjà il a cédé, outrepassé les recommandations de son chef d'état mais il ne peut lutter, la coupe chaque jour apportée par Réséda sent le musc et le jasmin, elle est de plus en plus trouble, ses yeux étaient verts, aujourd'hui de jeais, il doit signer le contrat de pétrole qui asservira son peuple, il s'est battu vaillamment, il va s'évanouir dans quelques heures... cette femme qu'il devine mais ne voit déjà plus, à demi étendu sous la moustiquaire, elle lui tend la coupe, non lui approche des lèvres, il accroche son poignet est-ce lui qui tremble ou bien elle qui a une seconde de recul, le breuvage s'écoule sur le tapis rouge sang, pâte verte il a la vision de la bave de grenouille, il va crier elle couvre ses lèvres de sa main rubis il va plonger

Elle détache une petite fiole de sa ceinture la verse dans sa bouche il va plonger non il revient à lui, par quel détour? Le 1er ministre va arriver pour le faire signer elle le sait mais lui ne comprend pas, elle le renverse dans l'alcôve et se jette sur son corps transi, il revient à lui cette femme pesant sur ses côtes le couvre de baisers, la porte se referme, un souffle, il n'en peut plus il veut se redresser analyser la situation, la repousser et soudain leurs yeux se rencontrent lourds suppliants elle lui enfonce les coudes dans l'estomac, il est vaincu et faible, des bruits de galops, un bataillon.

En un éclair Réséda se redresse, tire à elle Lord Devonshire, lui donne une gifle cinglante, murmure à l'oreille, il ne comprend pas.

Du côté des bains la porte s'ouvre. Un homme aux larges pantalons nez aquilin noir d'ébène l'attire à lui, enfonce un tissu dans sa bouche, lui couvre la tête d'un sac de jute et le charge sur son dos. Il se sent secoué, reperd connaissance.

Des jours que la randonnée chamelière s'est infiltée dans le désert de pierres, les campements se sont succédés. Lord Devonshire ouvre enfin les yeux il regarde stupéfait la tente qui l'abrite l'odeur forte des bêtes et son accoutrement, tente de regarder sa montre il a seulement un bout de laine en guise de bracelet... Il tente de se lever une douleur violente dans la jambe le fracasse sur le sable qui lui sert de matelas.

Ça sonne ça sonne et ça résonne qui vient qui s'en va il ne peut plus bouger on l'emmène encore, ça tangue autour de lui il est sur une pente glissante il ne peut se retenir il s'enfonce il voudrait crier rien ne sort il se rendort.

 chantal J. Illustration: La grande Odalisque, d'Ingres.

 

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