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28 novembre 2011

Léa, Yvan, par Dréa

Il s'agissait de raconter un plusieurs personnages, à la troisième personne, mais en nous donnant l'impression d'entrer dans leurs univers intérieurs respectifs. Dréa a choisi d'entrelacer le parcours de deux enfants, Léa et Yvan.


Léa, Yvan. 

 

Adorable boule ronde et rose, Léa  sur la table à langer… Ses doigts potelés s’arrêtent sur une barrette qui retient une de ses  mèches trop longue.  Curieuse elle tâte, curieuse elle explore, active elle veut supprimer cet objet étranger ; donc tire,  tire encore et  encore. Des larmes emplissent ses yeux, le visage se ferme, déterminé ; ses doigts s’acharnent jusqu’à extraire l’objet.  Puis, dans la menotte serrée, le trophée !  Elle jubile…

Dix-huit mois, premier spectacle…Sur une couverture douillette on s’assoit au sol mais après avoir ôté ses chaussures. Oter ses chaussures, ses belles blanches, nouvelles, ses chaussures de « grande » ! Ah, non non et non !

 Etaler son intimité, non, interprète  Maman. 

Diplomatiquement, elles sont extraites quand même. ;  Léa les maintient pendant une bonne partie du spectacle !

frere-et-soeur-a-pois-copie-1De deux ans plus jeune que sa sœur Léa,  bébé Yvan braille à tout va ; des caresses sur la tête le calment quelque peu ou un bain. Là, il bat des pieds et des mains,  éclaboussant tout de son rire joyeux. Mais à la première occasion les cris reprennent. Une personne ou un lieu étranger fait naître aussitôt une méfiante observation dans un froncement de sourcils.

 

Petite bonne femme du haut de ses  trois ans…Léa descend  l’escalier une marche bien  après l’autre, assurée par un maintien au mur : fini ! Regard  alentour, air triomphal.

-          Bravo ! C’est seulement à  la fin que  tes deux pieds ont été posés sur la même marche, remarque gentiment Maman

Son air glorieux s’efface  instantanément ; elle remonte …

-          Mais ce n’est pas la peine ; c’était tout-à-fait  réussi…à la dernière marche seulement, un peu de fatigue…

Entend-elle seulement ? Concentrée, elle continue à remonter tout l’étage  avec détermination ; puis volontaire, redescend en respectant scrupuleusement la règle jusqu’au bout.

Yvan, quatre ans … un jour, il arpente le jardin, serrant jalousement contre sa poitrine son dernier jouet  « C’est à lui, on ne lui prendra pas » Il a laissé les autres enfants, il est seul, il se sent  malheureux.

 

Cinq ans, Léa réussit depuis peu à se servir  toute seule… Elle maîtrise la carafe au-dessus de son verre, l’incline des deux mains ;  l’eau s’écoule fraîche et belle…à ras bord …stop !   Une seconde interdite, elle opte rapidement  pour …non pas  se pencher jusqu’à son verre mais porter son verre à sa bouche. Sûre d’elle,  elle opère avec une précision et une fermeté de chirurgien et    boit quelques gorgées sans une goutte versée.

-          Bravo, quelle adresse Léa,  déclare Maman.

Le visage de la fillette reflète une fierté justifiée.

 

Yvan, cinq ans…Dans le Parc de Jeux, sa sœur aînée l’aide à s’installer sur un tourniquet ; installation terminée, il pousse sa sœur alors en équilibre et  qui se rattrape de justesse !

-          Elle a été gentille de t’aider ; pourquoi l’avoir poussée, interroge Maman.

Regard bas, visage renfrogné, silence. Il se sent malheureux.

 

Six ans et demi… Au milieu de l’immense véranda trône un nouveau jouet en bois.

-          Mais ce n’est pas un jouet, rectifie Léa.

C’est en effet  une harmonieuse construction géométrique, hexagonale, très régulière et qui s’élève sur trois  étages ; elle se compose uniquement de petites barres de bois identiques.

-          Que de temps pour la réaliser, remarque Maman !

-          Non, c’est vite fait, reprend la gamine.

Et joignant le geste à la parole, elle démonte et remonte habilement le niveau supérieur.

 

Plus de six ans … dans le tramway Yvan avec un copain, sur la plateforme tournante : jeu … mais méfiance, prudence : un pied sur la partie fixe,  l’autre sur la partie mobile. Réflexion,  astuce, efficacité !

Réunion familiale aujourd’hui ; beaucoup d’invités. Yvan fait des prouesses sur son vélo, dérapages contrôlés, mains en l’air jouant les marionnettes : là, on a bien vu ce dont il est capable !

Pendant le repas, Yvan, très bruyant est excité : rires, cris, blagues sur « Toto », serviette en guise de chapeau sur la tête mais aussi critiques et rouspétances injustifiées…Tension générale : se sent-il heureux ?

FRERE  ET  SŒUR   A  PART ENTIERE ?    OUI.     LA  VIE  VA  FINIR  DE  LES   MODELER.

 

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