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29 septembre 2012

Un matin, tôt sans doute... par Michelle Jolly

Piste d'écriture: la vie quotidienne comme une aventure, ou le roman des objets...

 

C’est une histoire dans la nuit des temps, un matin, tôt sans doute, car il ne faut pas perdre un seul moment du jour, et profiter de la lumière. L’homme était parti hors du camp, là où il savait trouver la pierre la plus dure, intacte, blonde qui ne s’effriterait pas au moindre coup, indispensable à ceux chargés de la chasse et du feu. Il avait marché longtemps, seul, sachant ce qu’il voulait, connaissant le lieu où il pourrait s’arrêter et débiter le roc.

Satisfait de son choix il était revenu, là où les autres s’affairaient, profitant des ressources que la nature leur offrait, et fabriquant durant cette halte les outils pour vivre mieux, toujours mieux.

L’homme voulait une forme large et belle, il la tailla, pas plus grande que sa main, large d’un bout, effilée à l’extrémité ; elle devait pouvoir tenir solidement dans l’ouverture du manche en bois. Puis il s’appliqua à soigner la partie tranchante, une arête sans aspérités, sûre comme la ligne au loin des collines, ou la dent de l’ours qui l’avait blessé l’hiver d’avant. Une fois le tranchant obtenu, il regarda son travail, il voulait être fier de la porter à sa ceinture. Il n’était pas satisfait, il voulait autre chose.. Alors il prit une autre pierre, la frotta avec force sur son œuvre, insista, il transpirait, s’écorchait les doigts. Le lendemain, il continua, puis d’autres jours, frottait encore. Autour de lui les enfants d’abord, regardaient, que faisait-il ? S’acharner ainsi sur une pierre, les hommes critiquaient, se moquaient ; lui continuait, jamais satisfait, polissant et repolissant ; enfin il s’arrêta ; essuya la poussière accumulée, admira la blondeur de sa pierre, une nouvelle hache était née.

Il la glissa dans un manche, et la mit à sa ceinture, après l’avoir frottée contre sa joue pour en mesurer la douceur, alors chacun voulut la toucher, une nouvelle matière était née.

…aujourd’hui cette hache ne me quitte pas, et hier, un de mes petit-fils m’a dit : «Tu sais mamie, le jour où tu distribueras tous tes objets, garde-moi la hache ! » et il a ajouté en la frottant contre sa joue, « On dirait une peau de bébé »….      La boucle était bouclée.

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