Paul (1): Les noces inachevées, par Maxime Causse

Piste d'écriture: décliner une expression familière. Je vous laisse la découvrir ici...

LES NOCES INACHEVEES

Ding ! Dong ! Les cloches sonnent

Et mon cœur bouillonne

Car moi, Paul, je viens de me marier

Vive la mariée !

Nous nous aimerons toujours

Entre nous, c’est à la vie, à la mort

Alléluia ! Alléluia !

Hosanna au plus haut des Cieux !

Voilà, le repas de noces est terminé

Au revoir Karine, à demain Marcel

Bon retour Albert ! Merci d’être venue Jeanine

Etc…   etc…

Je suis tout émoustillé

Car il faut vous dire qu’Amélie

Je veux dire ma femme

Est vraiment très jolie

Et puis aussi, elle est intelligente, raffinée

Bref, j’ai rencontré la perle rare

Maintenant nous allons gaiement

Consommer notre mariage.

Amélie me dit : « Je t’aime, montons dans notre chambre »

Vous l’avez deviné,

Nous allons nous envoyer en l’air

Au septième ciel pour être précis

L’air de rien, mine de rien

Je suis le plus heureux des hommes

Alors que nos étreintes fougueuses se déploient

J’entends un bruit,

Un grincement en fait

Celui de la porte de l’armoire normande de notre chambre,

Qui s’entrouvre

Amélie gémit, elle me susurre :

« Viens, reste avec moi »

Mais derechef, le grincement.

J’ai la puce à l’oreille qui me pique la conscience.

Maintenant, ça me démange carrément le cœur.

Malheur ! Malheur !

Qui vois-je là ?

C’est Jacques dans l’armoire,

Qui, nu, essaie de sortir discrètement de la chambre

Mon mariage ne s’est pas consommé, il s’est consumé à cet instant

En effet, Jacques, c’est le soi-disant ancien petit ami d’Amélie

Celui qui avait partagé les draps de ma compagne

Enfin, je veux dire ma femme

Furieux, je crie à celle-ci :

« Allez, Amélie, qu’est-ce que c’est que ça ?

Vide ton sac !

Non pas ton sac à main,

Ne fais pas l’idiote !

Tu es dans de beaux draps ! »

Ma compagne, dont l’esprit ne bat pas la campagne, me répond :

« Beaux draps, beaux draps…

Pas tant que ça,

Jacques, lui, m’amenait dans des palaces aux draps soyeux

Ce n’est pas comme toi,

Toujours si économe :

Un misérable hôtel deux étoiles pour notre nuit de Noces ! »

« Ne monte pas sur tes grands chevaux ! » Je lui rétorque

« Bien sûr, mon chéri, de toute façon, je ne peux y monter vu que tu n’es pas un étalon… »

Jacques me dit alors :

« Voyons, Paul, sois raisonnable,

C’est un malentendu

Je me suis simplement trompé de chambre et … »

Bla Bla Bla

Je n’entends plus rien,

Je suis au bout du rouleau,

Du rouleau de mon amour qui ne roule plus.

Roulez jeunesse !

En effet, j’ai 75 ans

Amélie 30.

Et j’ai oublié de vous dire :

Je suis très riche et …très seul maintenant

J’y croyais pourtant à l’amour d’Amélie dans mon lit

A mon étoile dans un hôtel deux étoiles.

Mais l’amour rend aveugle

Il a cousu de fil blanc mes paupières

Pour que je ne vois pas ma misère

Dans le miroir du regard d’Amélie

Effectivement, je suis vraiment dans de beaux draps dans ma vie de millionnaire

Mais je dors sur une paillasse dans mon cœur.