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12 juin 2013

Blues biéreux, par Maxime Causse

Piste d'écriture: la bière et l'enfance. Ce thème a été proposé par le Festival International de la Bière Internationale (FIBA- http://www.lefiba.com/ ). Pour plus de précision, voir la proposition en fin de texte. 

 

BLUES BIEREUX

 

    Je m’appelle Hank Charonsky. Mon nom ressemble au pseudonyme de Charles Bukowsky dans ses romans, Hank Chinansky. Mais la ressemblance ne s’arrête pas là car moi aussi je suis un grand consommateur de bière et écrivain de surcroît comme lui.

    Mon pack de bière, c’est ma boite à frissons. Elle me fait tout oublier : la rudesse du temps qui passe ainsi que la rudesse d’Audrey, mon ex, à mon égard.

      Je vais maintenant vous décrire mon rituel de beuverie, voilà comment je procède :

       Pour boire, d’une chiquenaude, je jette mon mégot de cigarette sur le carrelage. Puis, je passe sur la chaîne les cantates de Jean-Sébastien Bach. Ma préférée, c’est la vingt et unième « mon cœur était plongé dans l’affliction mais tes bienfaits me réchauffe l’âme ».

       Et j’en ai bien besoin, moi, Hank Charonsky, de la bière pour adoucir ma vie, c’est mon réconfort. Alors que je fredonne sur la musique, je décapsule une cannette et je verse lentement le précieux breuvage dans une chope. Et là, aux premières gorgées de bière qui laisse de la mousse sur mes moustaches, c’est comme un enfantement, je renais dans une version meilleure de moi-même. J’oublie tout : Audrey bien sûr mais surtout la catastrophe qu’était mon enfance entre une mère horrible et un père démissionnaire qui laissait faire, qui ne voulait pas d’histoire.

      Je me souviens, par exemple, le jour où vers l’âge de 6 ans, ma mère a jeté mon doudou au prétexte que j’étais trop grand pour ces choses-là, que mes larmes ne lui feraient  pas changer d’avis. Mon père préparait la raie de la misère dans la cuisine car nous étions pauvres aussi. Il a fait semblant de ne pas entendre. Bref, sans trop vouloir m’apitoyer sur mon sort et paraître lamentable à vos yeux, chers lecteurs, je ne m’étendrai pas davantage sur mon chagrin. Sachez cependant qu’il a été le terreau de ma vocation d’écrivain et d’alcoolique, anonyme parmi tant d’êtres fracassés par l’existence comme mon alter ego, mon ami, mon frère : le grand Charles Bukowsky. Moi aussi, je biberonne et je me mets à rêver sur la musique de Jean-Sébastien Bach.

     J’imagine alors un monde heureux où Audrey  me sourirait en s’abandonnant à moi parmi les fleurs de la prairie où nous nous aimerions. La lumière du soleil illuminerait l’herbe verte en lui conférant une teinte dorée. Des enfants, les nôtres peut-être, joueraient près d’un ruisseau… et patatras ! Voilà que je pleure ! Cette vision banale est pour moi le symbole du bonheur, perdu ? Non je ne crois pas, plutôt jamais rencontré.

      Alors j’écris, j’écris pour exorciser  ma vie minable dans un HLM sordide, sur mes jobs insignifiants au sein desquels je subis la multitude des vexations ordinaires que doivent endurer les petits, les sans-grades comme moi et comme Charles Bukowsky, mon héros. Moi aussi, je suis un « pas grand-chose » doublé parfois d’un « vieux dégueulasse » après avoir turbiné toute la journée à l’usine.

       Putain ! Qu’est-ce que je suis seul ! Je m’emmerde foutrement ! La vie est vraiment foireuse. La bière, voilà ma seule compagne. Heureusement que je l’ai car j’oublie et je rêve. Mais ça, je vous l’ai déjà dit. Vous voyez, je me répète, je radote comme un vieux schnoque dont les livres –comme les miens- n’auraient aucun succès. D’ailleurs c’est pour cela qu’Audrey m’a quitté. Allez, j’arrête-là, j’en ai marre et en plus j’ai sacrément faim. Je vais aller me faire des tartines. A plus amis lecteurs.

 Maxime Causse

 Concours:

Le FIBA, pour son édition 2013, comme chaque année, accueille en son sein un atelier d’écriture.


La consigne de cette année est :

« Bière et enfance »

Des odeurs de cuisine, de levure, de tablées, de grandes personnes. Nous accompagnent ces souvenirs d’enfance quand, dans un café, une cuisine, ici, là-bas, et même en rêve, la bière était présente.

Une boisson, un cérémonial, des rencontres amicales, voir amoureuses, les premières ?

Vous écrirez un texte sur la bière avec un parfum d’enfance.

Pour le reste, faites confiance à votre imagination : forme du texte, style, époque, personnages, histoire réelle ou imaginaire … Vous êtes libre !

Votre texte contiendra les mots suivants :

raie de la misère - doudou - tartine - moustache - terreau - carrelage - enfantement - rudesse du temps - chiquenaude - patatras - boite à frissons

Date limite d’envoi du manuscrit : 31 août 2013

Atelier écriture FIBA - Olivier CANIVEZ

courriel : canivez.olivier@wanadoo.fr

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