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18 juin 2013

Les bras m'en tombent! par Danièle Géroda

Piste d'écriture: s'inspirant de L'écume des jours, de Boris Vian, créer un monde "décallé".

Les bras m’en tombent !!

 

6 Heures ! Tous feux éteints, le taxi roule d’un pneu alerte vers l’horizon déjà brillant de lumière. Nul besoin d’éclairer son véhicule pour Aurélien car, déjà deux passagers patients occupent les deux places arrière et leur tenue phosphorescente doit, je m’en persuade, aider le chauffeur à se diriger sans encombres. C’est tôt pour moi, même avec mes jumelles j’ai du mal à distinguer les lignes bleutées qui, allez savoir pourquoi, coupent la route en deux.

Aurélien a coutume de rouler comme bon lui semble, mais jamais trop parallèlement aux lignes. Il nous a souvent expliqué que c’était beaucoup plus prudent de laisser deux des quatre roues sur le trottoir. Seule la roue de secours peut se vanter d’être à sa place ! Moi, de ma place, la place du mort à ce qu’il paraît, je n’apprécie pas véritablement de frôler les murs et sentir leur présence aussi proche.

Quoique j’en pense, chaque jour, depuis quelque temps déjà, je goûte à cette autre forme de conduite mêlant le périlleux au spectaculaire. Il y a d’abord, par exemple,  la montée dans le véhicule qui s’avère délicate, la portière pudique refusant une ouverture généreuse. Seuls deux membres, dans la plupart des cas, arrivent à grimper sans trop d’anicroches, laissant les deux autres pétrifiés à la pensée de ne pouvoir emboîter le pas à leurs congénères.

Aurélien n’a pas la pitié conciliante pour porter secours, et à chacun de se débrouiller dans l’escalade de son siège. Puis il faut songer, sans plus attendre, à installer son baudrier pour éviter que l’alarme désapprobatrice  ne vienne hurler dans l’habitacle. Moi, l’esprit en éveil et la tension à fleur de peau, j’appréhende très angoissée, l’arrêt complet du taxi, quand il faudra recommencer des élucubrations indescriptibles pour descendre.

Enfin, l’horizon terminus se rapproche. On va tous s’extirper de notre voiture porteuse, au même endroit . . . La clinique des rapiécés nous ouvre les bras pour recevoir les miens mais aussi les deux paires de jambes tutorées métalliquement qui investissent, maintenant, en chœur, des couloirs astiqués.

Voilà un monde nouveau où se côtoient en super harmonie, chariots, fauteuils roulants, béquilles et attelles.

 

Danièle Géroda                                                                     lundi 4/06/13

 

 

 

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