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28 mars 2022

Simple rencontre, par Nicole Davet

Piste d'écriture: les contraires s'attirent-ils? 

1958

ELLE ! Etudiante (en khâgne) à Versailles, brillante, déterminée, sa vie se déroulait comme elle voulait la réaliser, composant dès ses premiers jours avec un asthme envahissant auquel elle ne voulait laisser aucun pouvoir dans son quotidien.

Entre ses lectures très diverses, son plaisir à exposer ses pensées chaque fois qu’il lui était possible d’envouter l’auditoire de tout un amphi, ses découvertes en jouant avec les mots, jusqu’à les décortiquer en passant par le grec, le latin, le vieux français … et même parfois le patois…. Entre tous ces moments de vie intenses, elle ne devait pas oublier de respirer, il lui fallait souvent songer à s’offrir un arrêt !

Mais quoi ? pas question de ne rien faire, les concerts, le théâtre, les opéras lui apportaient ces moments de pause qui lui donnaient le sentiment qu’elle n’était pas là… à ne rien faire ! Un opéra russe, chanté par une artiste russe, soprano exceptionnelle, en voilà une aubaine, comme du grain à moudre !

 

LUI !   Officier de marine marchande, sur les Pétro Tankers, en escale en France pour quelques jours.

Timide, effacé, discret, une élocution lente, douce, comme pour se cacher, passer inaperçu, aucune raison de se faire remarquer.

Avant de débarquer, il avait eu connaissance de ces quelques soirées qui offriraient aux Parisiens amateurs et organisés la chance de décrocher une place pour ce spectacle unique.
Prudemment, il venait de vérifier le nom du théâtre, les dates et les horaires et décida d’entrer dans la queue pour tenter de décrocher cette place.

 

Elle… déterminée, et certaine qu’elle obtiendrait le petit billet miracle, et bien que trépignant, tout en redoutant de se laisser piéger par une crise qui l’étoufferait et l’obligerait à renoncer, elle se rangea dans la file parmi les derniers candidats pour ce rêve. Elle savait que sa chance était infime, dressait l’oreille pour capter la moindre information, pivotait sur elle-même, telle un radar qui surveillerait avec grande attention cet horizon parisien, de trottoirs, lumières et klaxons. Des piétons allaient et venaient, indifférents, le long de cette queue humaine.

 

Je vends deux places d’orchestre ! cria une voix

 

Dans la foule, une main se leva, elle n’entendit rien, mais soudain le vendeur leva le bras pour le second billet et elle hurla :  ‘’Je prends l’autre !’’

 

Epuisée par cette attente, elle se précipita vers l’entrée et alla s’asseoir, essoufflée et heureuse. A côté d’elle, IL était là, à peine surpris, discret, souriant.

 

A la fin du spectacle, ils prirent le temps de se découvrir, de partager leurs sentiments …. L’opéra, la Soprano Russe, la langue Russe… IL était Russe.  Il sut l’aider à prendre le temps de faire connaissance.

 C’est ensemble, que depuis, ils ont partagé une longue vie

 Nicolas de Staël le concert 1955

                                                         Texte:  copyright   Nicole Davet, 02/ 02/ 2022
illustration: Nicolas de Staël, Le concert, 1955

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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