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28 septembre 2012

Petit noir et bleu à l'âme, par ETTYLA

Piste d'écriture: la vie quotidienne comme une aventure, ou : le roman des objets.

 

 

Petit noir et bleu à l'âme

 

Débâcle! Soubresauts, l’eau gicle de partout.

C’est un geyser, une éruption, tous les barrages ont cédé.

Catastrophe!

Accalmie, silence... On pense que c’est fini mais on oublie les répliques, certes moins fortes, plus espacées.

Des profondeurs, le feu remonte , brûle,  se déverse, refroidit.

L’eau surgit à nouveau, en hoquets et bouillonnements.

              

                                *******

bolTout avait pourtant commencé de façon si banale.

Comme d’habitude, café au lit.

Pas de croissants,  à cause des miettes, 

seulement un petit noir, 

dans la tasse fétiche, tout premier cadeau d’amour, 

tasse bleue, légèrement ébréchée, non pas une tasse avec anses mais un petit bol qu’on prend au creux des mains, 

pour un petit noir brûlant qu’on sirote du bout des lèvres

au creux du lit tout chaud.

Et le petit bol bleu, sur le plateau carré, plateau en bois, avec de petits bords

pour retenir le bol en cas de maladresse.

Et le plateau apporté par les belles mains de l’homme.

Cérémonie du café, rite quotidien auquel on tient, pour bien commencer.

 

 Après le café, tout s’accélère: les enfants, les céréales , les bols de lait, les jus d’orange,

les cartables, les lacets, les bisous...ouf! 

Et ça continue: la chemise pas repassée et qu’il faut repasser à tout prix, car avec ce pantalon il faut cette chemise là, l’autre est au sale et celle qui est repassée trop foncée.Puis vient le choix de la cravate et le noeud à rectifier,

-Tu rentres à midi?

-Non, repas d’affaires

-A ce soir

Bisous.

Silence! Comme ça fait du bien!

Un petit noir, cérémonie du café, deuxième partie, au fond du fauteuil, toujours dans la petite tasse récupérée sur le plateau, dans la chambre.

Moment à soi, sacré.

De l’évier, la vaisselle déborde, le serviteur mécanique est en panne, la table encombrée,

le salon en désordre, tant pis!

Pensées vagabondes, rêves enfouis, désirs inavoués flottent paresseusement. Peu à peu,ils s’enhardissent, prennent forme, se délitent, se perdent.

L e brouillard de la somnolence rend tout possible et tout inaccessible à la fois.

 

Dix heures: il faut se bouger, grand ménage, lessive et repassage.

Dans la poche de la chemise sale: 

une note, deux cent vingt euro, une nuit , deux petits déjeuners, en date du dix avril, hôtel Carlton, Montpellier.

Il avait dit: « colloque à Dijon»

Dans sa tête à elle, deux phrases:

«Tu rentres à midi» «Non, repas d’affaires»

 

Débâcle! Torrents et soubresauts...tout est perdu, tout est fini.

 

Le bol bleu vole et éclate contre le mur.

Tessons de bol, tessons de vie.

 

Le soir, les enfants, les devoirs, le repas et le regard de l’homme qui ne sait pas qu’elle sait.

 

La cérémonie du café n’aura jamais plus le même goût.

 

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